La loi européenne impose aux compagnies aériennes de prendre en charge les frais annexes, notamment ceux d’hébergement, lorsque le passager reste immobilisé sur un lieu à l’encontre de sa volonté. Si la plupart des compagnies aériennes se sont pliées à cette directive (pour exemple, Air France a payé pour 200 000 euros d’hôtel lors de la première nuit de paralysie du trafic dans la nuit du 15 au 16 avril), la frondeuse Ryanair a refusé dans un premier temps de dédommager le passager d’un montant supérieur au prix du billet d’avion. La compagnie low cost irlandaise  a fait volte face hier, en acceptant que les dédommagements pour les frais d’immobilisation forcée des passagers soient revues à la hausse, soit d’un montant supérieur au prix du billet d’avion. D’easyJet à la Commission européenne, les réactions fusent. Michaël O’Leary reconnaît « avoir fait une erreur » Michaël O’Leary, le fulgurant patron de Ryanair ne nous avait pas habitué à des marches arrières, ni même à des excuses publiques : à la télévision britannique, il a admis « avoir fait une erreur » en ne prenant pas suffisamment en compte les frais de dédommagements des passagers immobilisés par le nuage de cendres et par la paralysie aérienne qui a suivi. Désormais, Ryanair « accepte de rembourser les dépenses « d’un montant raisonnable et justifiées par un reçu. »  Michaël O’Leary s’explique de ce revirement avec son habituel sens de la provocation : « Nous avons cédé à la pression de la presse et de nos clients, mais certainement pas à celle de quelques politiciens idiots ». « Pas de droits au rabais » pour Ryanair (la Commission européenne) Car le Ministre des Transports britanniques Lord Adonis a appuyé sur le point qui fait mal en déclarant : « le gouvernement avait exprimé dans les termes les plus fermes à Ryanair qu'il comptait bien la voir payer » ce que la loi lui ordonnait. De son côté, la Commission européenne, par la voix d’Helen Kearns, porte-parole en charge des Transports, avait elle aussi vertement tançé jeudi 22 avril la compagnie à bas coûts : « Il n'y a pas de droits des passagers au rabais pour les compagnies à bas coûts. Ryanair devra les appliquer comme toute autre compagnie ». EasyJet, l’autre low cost britannique, a joué à la petite sœur modèle, déclarant qu’elle « respectait la loi et s'occupait de ses passagers », et de rajouter : « Nous avons déjà payé 100 000 nuits d'hôtel et nous faisons tout pour rendre la situation aussi confortable que possible pour nos passagers ». « 700 euros d’hôtel pour 10 à 20 euros le billet d’avion » (Michaël O'Leary) Michaël O’Leary, même en revenant sur ses positions, tient à insister sur « l'absurdité d'une législation qui consiste à rembourser 700 à 800 euros de nuits d'hôtels pour un billet qui a coûté dix à vingt euros et parce que le gouvernement a fermé l'espace aérien ». Et de conclure : « Ce n'est pas juste que les compagnies européennes soient transformées en assureur en dernier ressort ». EasyJet acquiesce sur l’opinion de O’Leary, en jugeant que l’actuelle loi européenne sur les remboursements « devrait être révisée » afin d’y intégrer « les cas de catastrophe naturelle. L’Association des représentants des compagnies aériennes (BAR) au Royaume Uni a elle aussi jugé « impropre » l’interprétation de cette loi. Enfin, Michaël O’Leary a maintenu son intention d’aller devant les tribunaux contester la légitimité de cette loi : « Nous rembourserons des notes de frais raisonnables à nos passagers s’ils nous les font parvenir, mais nous ne payerons pas de compensations car comme le stipule une loi européenne, il ne peut y avoir compensation si la responsabilité de la compagnie n’est pas engagée. » Lire aussi Quelles indemnités et remboursements en cas de force majeure ?