A l’instar du SNPL en France dans l’enquête sur le vol Rio-Paris, la Sepla (syndicat de pilotes de lignes aériennes) espagnole conteste dans un communiqué de ce jour les conclusions de la Commission d’enquête sur le crash du vol de Spanair sur l’aéroport de Madrid Barrajas, le 20 août 2008, soit il y a tout juste trois ans. Cette Commission impute la responsabilité directe de l’accident aux pilotes. Le syndicat de pilotes de Spanair n’est pas d’accord avec la Commission d’enquêtes des accidents de l’aviation civile espagnole (CIAIAC), l’équivalent en France du BEA, qui met en cause principalement les pilotes de Spanair dans le pire crash qu’ait connu l’Espagne depuis 1983. Le 20 août 2008, il y a tout juste trois ans, un Mc Donnel Douglas MD-82 s’écrasait peu après son décollage faisant 154 morts et 18 blessés graves. Selon la CIAIAC, la responsabilité repose quasi exclusivement sur les pilotes. Ces derniers n’ont, entre autres choses, pas fait fonctionner correctement les flags (volets sur l’aile de l’avion) lors de leur phase de décollage Or, la Sepla affirme que la fonction d’une telle Commission est de trouver les causes et non ses coupables. Elle ajoute dans son communiqué : « Les erreurs humaines sont présentes dans la majeure partie des accidents aériens »… « L’enquête doit chercher tous les paramètres qui ont influencé cet accident. » Et, continue la Sepla, pointer du doigt uniquement une erreur de pilotage, peut être « contre-productif à l’élaboration de recommandations pour une meilleure sécurité, qui éviteraient des accidents similaires dans le futur ». Ainsi, oublier délibérément dans les analyses la défaillance du système d’alarmes TOWS (qui avertit de la configuration erronée des paramètres de navigation) lors de cet accident, ne lui paraît pas « un bon compromis pour améliorer la sécurité ». « Les 154 victimes méritent une enquête qui analyse avec rigueur les causes profondes qui ont provoqué l’accident. » Cette contestation par les pilotes ressemble étrangement à celle du Syndicat national des pilotes (SNPL) en France dans l’affaire de l’AF447, le pire accident qu’ait connu Air France en nombre de morts. Eux aussi remettent en cause une analyse des incidents uniquement à charge par le BEA envers les pilotes d’Air France, ainsi que l’oubli des défaillances des alertes de contrôle, notamment les alarmes de décrochage dans ces recommandations pour une meilleure sécurité.