Toutes les compagnies aériennes de l'Inde se sont donc jetées, parfois à leurs dépens, dans une croissance accélérée voire exponentielle de leur flotte. Ainsi, low cost IndiGo a commandé en janvier de cette année, et ce fut d’ailleurs pour quelques mois le plus gros contrat d’appareils commandés par une compagnie, 189 monocouloirs (dont 150 A320 neo). L’autre low cost GoAir, lancée en 2007 (plus de 130 vols par jour entre 18 aéroports domestiques) a seulement 11 A320 aujourd’hui, mais en a commandé 72 autres lors du dernier salon du Bourget. Kingfisher Airlines, dont la flotte comprend moins de 70 appareils aujourd'hui, a en commande environ 130 avions dont une majorité d’A320 (67) et de nombreux ATR72-500 (38), des A330, et aussi 5 A350 et 5 A380, une commande qui date de juin 2005. Jet Airways, qui vient de réceptionner son 100ème appareil au sein de sa flotte en attend encore 32 dont 10 Boeing 787 Dreamliner et 10 A330. SpiceJet, autre low cost indienne créée en 2004 devrait multiplier sa flotte par deux. Dotée de 38 Boeing et Bombardier aujourd’hui, elle a encore 37 appareils en commande plus 15 en option. Enfin, Air India, qui en raison de ses difficultés, s'apprête à réduire de 27 à 12 exemplaires sa commande de B787 Dreamliner passée en 2005, attend aussi des Boeing des B777 au sein de sa flotte composée d’une centaine d’appareils. Politique d’Open Sky Si la concurrence est très vive au sein du pays notamment de la part des compagnies low cost, le réseau international est aussi soumis à une forte pression. En Inde, la politique d’Open Sky instaurée par le gouvernement indien a incité un grand nombre de compagnies aériennes étrangères à pénétrer le marché. Pour exemple, Emirates effectue pas moins de cinq vols quotidiens vers Bombay, en concurrence avec Jet Airways et Air India (toutes les avec 2 vols quotidiens), Kingfisher Airlines et IndiGo (toutes les deux un vol quotidien), soit au total 12 vols quotidiens, faisant jouer à fond la concurrence et la bataille des prix. D’autres compagnies du Moyen-Orient sont très présentes en Inde, qui n’est il est vrai pas très éloigné géographiquement : Qatar Airways, Saudi Arabian Airlines, Etihad Airways, voire les Kuweit Airways, Oman Air, Gulf AirIndiGo La low cost IndiGo, seule compagnie bénéficiaire depuis plusieurs années, est la dernière venue sur ce marché international. En effet, toute nouvelle compagnie aérienne doit, selon la réglementation indienne, développer son activité pendant cinq ans sur le marché domestique avant d’être autorisée à se lancer sur le marché international. IndiGo, créée en 2005 et qui a commencé ses activités en 2006 vole depuis septembre-octobre tous les jours vers Dubaï depuis Delhi et Bombay. Et d’ici 2013, environ 15 % de sa capacité sièges sera allouée à l’international, contre zéro hier, accentuant encore la féroce concurrence entre compagnies indiennes et les autres. IndiGo a dépassé en octobre dernier Jet Airways en terme de passagers transportés sur le marché domestique. Les tarifs discount d’Air India Jet Airways, la compagnie indienne leader sur le marché domestique, enregistre des pertes colossales sur le dernier trimestre malgré une hausse du trafic. Selon Shivkumar de Jet Airways, c’est Air India, la compagnie nationale qui a favorisé un marché non rentable en déclenchant une guerre des prix des billets, ce qui a affaibli les rendements et causé des pertes au niveau de toute l’industrie aéronautique indienne. « Air India applique des prix discount et c’est un vrai problème. Idéalement, les prix devraient grimper quand le prix du pétrole grimpe. Cela ne se passe pas comme ça dans la réalité et c’est pour cela que les compagnies sont dans cette situation. » Les solutions avancées Une des solutions pour assainir ce marché serait le regroupement de compagnies indiennes, voire avec des compagnies du Moyen-Orient, assurent des spécialistes. En Inde, la première étape vers la consolidation des compagnies aériennes a été réalisée le 1er juin 2011 avec la possibilité « d’acquérir une ou plusieurs compagnies par une ou plusieurs personnes, par fusion ou regroupement de compagnies », ce qui pourrait clarifier et assainir le marché soumis à une impitoyable guerre des prix. Le gouvernement envisage d'ailleurs à autoriser les compagnies aériennes étrangères à posséder jusqu’à 24 % d’une compagnie indienne, ce qui permettrait d’insuffler de la liquidité pour celles en difficulté. Les accords bilatéraux déjà existants entre compagnie mais non utilisés, sont aussi une piste pour améliorer la rentabilité de ces compagnies domestiques. Enfin, toutes les compagnies demandent aussi à ce que soient abaissées les taxes d’aéroport. Retour