La décision d'Airbus fin 2010 de lancer la remotorisation de l’A320, plutôt que de re-concevoir à zéro cet avion, a permis au constructeur, filiale d’EADS, d’engranger des commandes et engagements d’achats record pour son appareil best seller. Boeing n’aura d’autre choix que de suivre cette stratégie, mais avec neuf mois de retard. Airbus va de nouveau en 2011 devancer son grand rival américain en termes de commandes grâce essentiellement à sa décision en décembre 2010 de lancer l’A320neo, un appareil capable d’économiser 15 % de carburant, un enjeu de plus en plus crucial pour les compagnies aériennes alors que le prix du pétrole n’a cessé d’augmenter depuis le début de l’année. Environ 1 600 avions lui ont été commandés, dont une majorité d’A320neo. Boeing reste loin derrière, avec un peu moins de 900. Ce succès, il le doit à l’A320neo qui enregistre à lui seul plus de 1400 commandes. Le salon aéronautique du Bourget de juin dernier sera le meilleur de tous les temps pour Airbus avec 730 commandes,  dont 667 rien que pour l’A320neo. Citons notamment la compagnie indienne low cost IndiGo qui s'est engagée dès janvier 180 A320, dont 150neo, l’autre low cost de Malaisie Air Asia pour 200 A320neo (alors la plus grosse commande de l’histoire) ou American Airlines pour 260 A320 dont  130 Neo. Boeing hésitera longtemps avant de se décider entre concevoir un nouveau monocouloir de A à Z, ou remotoriser lui aussi son B737. Il ne se rangera du côté des « stratèges » d’Airbus en remotorisant son B737, rebaptisé B737 MAX, seulement fin août de cette année. Depuis, il affirme avoir engrangé plus de 800 engagements d’achat dont celle record de Lion Air (201 B737MAX), compagnie d’Indonésie, mais elles restent à confirmer et la plupart ne seront pas répercutées sur le bilan de commandes fermes 2011 de Boeing- la première commande ferme pour le B737 MAX est celle de Southwest Airlines et date seulement du 13 décembre dernier. Si Boeing parvient à les répercuter effectivement sur 2012, il s'ensuivra que la bataille pour la plus haute marche du podium entre les avionneurs européen et américain risque d’être beaucoup plus resserrée et relevée dès l’année prochaine. Encore une année haletante en perspective.