Dans le match engagé sur le terrain judiciaire entre Boeing et Airbus sur les aides réciproques qu’ont données l’Union européenne (UE) et l’Administration américaine à leurs constructeurs aéronautiques, l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) doit livrer son rapport ce mercredi. Déjà, la joute à distance a repris ces derniers jours avec ce rapport tant attendu de l’OMC, mais qui ne devrait cependant pas être rendu public avant mi-mars, le temps que les deux parties concernées, l’UE et les Etats-Unis, puissent examiner les conclusions et réagir sur leurs propres intentions. Boeing, par la voix d’un porte-parole, a  d’ores et déjà déclaré « risible » que l’Union Européenne (UE) et Airbus veuillent s’asseoir à la table des négociations pour trouver une issue amiable au conflit, alors que selon lui, ils avaient refusé de négocier avec les Etats-Unis lors du dépôt de plainte il y a huit ans sur la question épineuse des aides aux constructeurs aéronautiques. Pour rappel, l’UE européenne a déposé plainte auprès de l’OMC en 2004 (et quasi simultanément pour les Etats-Unis), qui a estimé il y a un an qu’il y avait 5,5 milliards de dollars d’aides américaines illégales. Boeing affirme que certaines aides retirées sont à soustraire, et que ce montant porte sur 2,7 milliards de dollars, essentiellement des aides à la recherche et développement de la NASA. Boeing, qui refuse donc aujourd’hui toute négociation, se fait aussi particulièrement agressif en demandant depuis fin 2011 des sanctions économiques contre l’UE qu’elles souhaitent applicables à partir d’avril 2012. Il estime aussi que le montant des aides UE s’élèvent aujourd’hui à 18 milliards de dollars, mais que surtout elles continuent d’avoir lieu malgré une décision du 1er juin 2011 de l’OMC. L’affaire est tout en nuances aussi puisque  l’OMC dans un autre précédent rapport avait de son côté stipulé que certaines aides européennes au programme d’un avion n’étaient pas forcément illégalles, même si certaines procédures étaient à revoir. La guerre des chiffres sur le préjudice commercial de chacun est à l‘image de ce grand capharnaüm, l’un réclamant 45 milliards de dollars pour Airbus, et l’autre 200 milliards de dollars pour Boeing, et chacun qualifiant de « ridicule » le chiffre avancé. Rendez-vous d’ici quelques semaines pour connaître l’avis rendu public de l’OMC, mais qui devrait confirmer, comme elle l’a déjà fait, des aides illégales versées par l’un comme par l’autre. Pour finalement peut-être finir à ce que ces deux-là, finissent par se rabibocher d'une manière ou d'une autre,  car une empoigne prolongée et au forceps entre ces deux grands de l'aéronautique pourrait profiter aux outsiders aux dents longues que sont le chinois Comac, le russe Soukhoï (Irkut), le canadien Bombardier ou encore le brésilien Embraer.