L’assemblée générale de la compagnie aérienne Air France – KLM a rejeté hier à une écrasante majorité l’octroi d’une prime de non-concurrence de 400 000 euros à son ancien PDG Pierre-Henri Gourgeon, qui devra décider s’il la rembourse ou pas. La validation de la prime a été rejetée par 78,8% des votants lors de l’assemblée générale qui se tenait le 31 mai 2012 à Paris, suite à l’appel lancé par le gouvernement français (actionnaire à hauteur de 15,9% du groupe européen). L’actuel PDG Jean-Cyril Spinetta, qui avait remplacé M. Gourgeon en octobre 2011, s’est fait huer quand il a défendu la prime « raisonnable et qui a protégé l’entreprise », avant de s’engager à refuser toute rémunération exceptionnelle en cas de départ – sous les applaudissements des actionnaires. Reste que si la « morale » est sauve, le code du Commerce est clair : nul ne peut forcer M. Gourgeon à rembourser cette prime déjà versée, même si on peut imaginer que les pressions seront fortes pour qu’il le fasse. Une morale qui sonne d’ailleurs étrangement dans la bouche d’actionnaires en général enclins à fermer les yeux sur les coûts sociaux du moment que leur investissement rapporte (on ne parle pas bien sûr de l’actionnariat salarial). On peut contester la prime de « licenciement » accordée à Pierre-Henri Gourgeon, 1,25 millions d’euros (environ un an de revenus), même s’il ne peut être jugé responsable du printemps arabe, du tsunami au Japon, du crash du vol AF447 Rio – Paris ou de l’émergence des Emirates Airlines et autres Qatar Airways, qui ont plombé les comptes d’Air France. Mais l’accord qui l’engage à ne pas travailler pour une compagnie aérienne concurrente pendant trois ans est lui plein de bon sens dans le monde des affaires. M. Gourgeon aurait déjà été approché par des compagnies du Golfe Persique…