Après la présentation du rapport d’experts judiciaires sur le crash du vol Air France AF447 entre Rio de Janeiro et Paris, interprété par les avocats des familles de victimes comme un dédouanement de fait de l’équipage, le constructeur Airbus a répondu aux critiques et mis en avant des erreurs de pilotage. Si le rapport judiciaire ne diffèrerait pas franchement de celui du BEA présenté la semaine dernière, le passage de la phase technique à la phase judiciaire fait sans surprise monter le ton. Mis en examen pour homicide involontaire comme Air France dans l’accident du 1er juin 2009, qui avait causé la mort de 228 personnes, le constructeur européen est sorti de sa réserve le 11 juillet 2012 et a mis en cause les pilotes. D’abord pour le « choix contestable » de leur trajectoire, alors que les autres appareils s’étaient largement déroutés face à la tempête. Airbus explique qu’ensuite, une fois les sondes Pitot de l’A330 givrées, «la perte des vitesses aurait dû conduire les pilotes à appliquer la procédure sur les vitesses douteuses, qui se traduit notamment pas la déconnexion du directeur de vol», instrument qui pour le BEA aurait pu induire en erreur les pilotes. Airbus rappelle que comme l’indique ce même BEA, en l'absence de caméra dans le cockpit « nous ne saurons jamais si les pilotes ont suivi les directeurs de vol, mais s'ils l'ont fait, la phase de tentative de stabilisation de la trajectoire (qui a suivi la déconnexion du pilotage automatique) ne peut en aucun cas avoir été influencée par le directeur de vol. » Explication du porte-parole : au moment de la déstabilisation de l’A330, le directeur de vol n’a pas donné « d’indication à cabrer », cet ordre étant arrivé bien plus tard selon les données des enregistreurs de vol. Air France et les syndicats de pilotes ne tarderont probablement pas à réagir à cette version des faits, et la partie de ping-pong accusatoire avec les avocats des familles de victimes est sans aucun doute loin d’être terminée…