La compagnie aérienne low cost Ryanair a détaillé hier son offre publique d’achat sur Aer Lingus, d’une valeur de 694 millions d’euros. La spécialiste des vols pas cher avait jusqu’au 17 juillet 2012 pour finaliser son OPA sur la compagnie nationale irlandaise, dont elle est déjà actionnaire à hauteur de 29,8%. Cette troisième tentative de prendre le contrôle d’Aer Lingus, en rachetant le reste des actions à 1,3 euro l’unité (38% au dessus du cours le 19 juin dernier), restera sur la table jusqu’à la mi-septembre, même si la direction a déjà appelé les actionnaires à la rejeter comme sous-évaluée. Au cours de l’action lundi à Dublin, Aer Lingus était valorisée à environ 567 millions d’euros, contre 5,94 milliards pour la low cost. Ryanair a lancé en parallèle une action en justice contre la Commission de la Concurrence britannique, arguant que son enquête en cours sur les actions qu’elle possède déjà depuis six ans pourrait se superposer à celle que lancera certainement la Commission Européenne sur l’OPA. La commission britannique affirme que son enquête continuera malgré tout. Rappelons que Ryanair doit obtenir le feu vert des autorités européennes de la concurrence, qui avaient déjà rejeté en 2007 une OPA similaire, avant de pouvoir prendre le contrôle d’Aer Lingus. Mais son PDG Michael O’Leary semble parier sur un résultat différent cette fois, avec trois arguments : l’Europe a récemment accepté des concentrations comme la fusion de British Airways et Iberia ou le rachat de BMI par British Airways à Lufthansa, le trafic à l’aéroport de Dublin chute, et le gouvernement irlandais doit se séparer des 25% d’actions qu’il détient dans Aer Lingus. Ryanair a promis de porter le trafic d’Aer Lingus de 9,5 à 14 millions de passagers par an d’ici cinq ans, y compris via l’expansion de son réseau transatlantique. Mais il n’est pas sûr que cela suffise pour séduire les autorités de la concurrence, qui en 2007 avait justifié son refus par le « contrôle de 80% du trafic à Dublin ». La low cost et Aer Lingus sont aujourd’hui en compétition directe sur 36 destinations au départ de la capitale irlandaise, contre 30 desservies par seulement une d’entre elles.