Elle soigne le monde entier Une passagère blessée à la jambe en tombant au moment de son embarquement, une personne en réanimation, un voyageur venu se faire vacciner contre la fièvre jaune… Il suffit de passer quelques minutes dans le Centre médical de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, ouvert en 1974 et situé au niveau des arrivées du Terminal 2F, pour avoir un petit aperçu du quotidien de la quarantaine de médecins, infirmières et ambulanciers de Roissy. Parmi eux, Laurence, infirmière depuis trente ans dans le plus grand aéroport d’Europe. Des journées très variées
 « C’est le monde entier qui arrive ici ».
    Et c’est exactement ce qui a poussé Laurence à venir travailler à Roissy. Cette voyageuse, aujourd’hui coordinatrice, aime entendre les annonces de départs imminents à destination de tous les pays du monde qu’égrainent régulièrement les haut-parleurs de l’aéroport. Elles rythment ses journées, faîtes de rencontres diverses, de sonorités et langues du monde entier.      
« On ne sait jamais comment va se dérouler notre journée », explique Laurence.
Consultations, vaccination, urgence, médecine des voyages… Le Centre médical assure en effet les soins, plus ou moins urgents, dont pourraient avoir besoin les quelque 90 000 salariés du site, et les 61 millions de passagers annuels. Aujourd’hui, « ce sont plus de 20.000 personnes qui passent tous les ans » dans les salles d’attente, de soins, de réanimation et les chambres d’hébergement du centre médical d’urgence, assure Laurence.   Du simple bobo  à la réanimation, souvent suite à une embolie pulmonaire, « un problème fréquent suite à un long vol », le travail y est très varié :
« C’est souvent de la consultation de base, principalement pour le personnel de l’aéroport. On ne fait pas de la réa toute la journée. »
D’ailleurs, il ne s’agit que d’un centre de santé. Le personnel s’occupe des premiers soins et, s’il faut, les patients sont ensuite pris en charge par le SAMU et redirigés vers un hôpital des alentours. De beaux voyages sur les pistes Le service sert également de centre de vaccination internationale. Au moment du pèlerinage à La Mecque, les infirmières de Roissy réalisent ainsi quelques 1.800 vaccinations contre la méningite en quelques semaines. Mais les pèlerins ne sont pas les seuls à pousser la porte du centre pour une piqûre, comme cet employé d’une société basée à Roissy venu ce jour faire un rappel du vaccin contre la fièvre jaune trois semaines avant son départ pour l’Afrique. En effet, ici pas besoin de rendez-vous. Cela se fait en quelques minutes en fonction de l’affluence.
« Mais on fait aussi de beaux voyages sur les pistes », renchérit Laurence un large sourire aux lèvres.
  En effet, les médecins, infirmiers et ambulanciers d’Aéroports de Paris sont les seuls habilités à intervenir dans le plus grand aéroport d’Europe (3.257 hectares) et sur ses quatre pistes. Là aussi, les raisons ne manquent pas pour être appelé à bord d’un avion, comme lors d’un accouchement en plein vol ou d’un décès.Plus rarement, et heureusement, l’équipe intervient en cas de crash. Ils doivent ainsi installer non loin du lieu de la catastrophe les tentes qui serviront d’hôpital d’urgence pour accueillir les blessés.   Toutefois, la spécificité du travail sur un aérodrome, ce sont surtout les maladies infectieuses et les épidémies :
« Nous sommes un peu sentinelles de toutes les maladies qui peuvent arriver de l’étranger. Nous sommes donc régulièrement sollicités pour aller vérifier l’état des patients à l’arrivée des vols ».
Une salle a spécialement été mise en place au centre de soins pour accueillir les patients infectés. Elle permet, entre autres choses, aux compagnies aériennes d’isoler un passager soupçonné d’être porteur d’une épidémie ou d’une bactérie multi-résistante, d’être reconditionné lors d’un transit. L’épisode du SRAS en 2003, cette épidémie de pneumonie atypique venue d’Asie et qui s’est très vite répandue dans le monde notamment par les voies aériennes, est resté dans la mémoire de Laurence :
« On nous appelait dès qu’un passager toussait pour vérifier si ses symptômes ne correspondaient pas au SRAS. Il nous est arrivé d’isoler des passagers au centre de soin et qu’ensuite le SAMU vienne le chercher avec les casaques, les masques, etc. On aurait dit des extraterrestres… »
 Mieux payé qu’à l’hôpital et que dans le privé Les gardes de 24 heures (de 08h00 à 08h00 le lendemain, suivie de trois jours de repos) sont donc bien remplies. Mais outre cette diversité quotidienne, c’est aussi la paie qui a attiré Laurence :
 « C’est mieux qu’à l’hôpital, mieux que dans le privé », affirme-t-elle sans ambages.
  Elle est en effet employée par Aéroports de Paris, qui offre de nombreux avantages à tous ses salariés, comme des primes, deux mois et demi par an de salaire supplémentaire, auxquels il faut ajouter les heures majorées pour la nuit et les week-end. Contrairement à Orly, soumis à un couvre-feu de 23h30 à 06h00, Roissy ne ferme jamais et dans son centre médical, deux infirmières, une coordinatrice, deux médecins et un ambulancier sont sur le qui-vive à chaque heure du jour et de la nuit.   http://www.youtube.com/watch?v=_gCOHyMF2GY&feature=player_embedded