Le procureur du tribunal de Bobigny a requis hier la condamnation de la compagnie aérienne Air France pour « discrimination caractérisée », suite à la plainte d’une militante pro-palestinienne débarquée d’un vol vers Tel Aviv en avril dernier. Lors de la comparution en citation directe d’Air France devant la 14ème chambre correctionnelle du tribunal de Bobigny le 17 janvier 2013, le procureur Abdelkrim Grini a estimé que dès lors que la compagnie « s’arroge le droit de poser des questions sur la nationalité et de surcroît sur la religion, elle commet le délit de discrimination ». Rejetant l’argument de la demande dictée par l’état israélien qu’elle était « parfaitement en droit de refuser », il a réclamé la condamnation d’Air France pour « discrimination caractérisée ». L’avocat d’Air France a plaidé pour la « protection » de Horia Ankour afin qu’elle ne soit pas placée en rétention à son arrivée en Israël, et nié toute volonté d’atteinte à sa dignité. La décision doit être rendue le 21 mars. Etudiante-infirmière de 30 ans originaire de Carcassonne, Horia Ankour avait réservé le 15 avril 2012 avec d’autres militants de « Bienvenue en Palestine » un billet sur le vol AF4384 Nice – Tel Aviv de la compagnie nationale, afin de participer à l’inauguration d’une école à Bethléem. Se trouvant déjà sur son siège, elle avait été interrogée par une hôtesse qui voulait savoir si elle avait un passeport israélien, puis si elle était de confession juive. Ses réponses négatives avaient entrainé un débarquement d’office, expliquait Mme Ankour à l’époque des faits, ajoutant que sur les 29 militants présents, « 21 auraient été refoulés à l’aéroport de Nice à la demande des autorités israéliennes ».  Les autres avaient été arrêtés à leur arrivée à Tel Aviv, et expulsés trois jours plus tard. L’association avait déposé plainte pour discrimination, Air France expliquant alors que comme toute compagnie aérienne et au nom de la Convention de Chicago, elle devait refuser l’embarquement de toute personne « déclarée inadmissible par le pays de destination ». Selon Mme Ankour, le pilote lui avait dit que s’il décollait quand même, il prenait le risque d’être interdit d’atterrissage à Tel Aviv. La compagnie de l’alliance SkyTeam n’avait pas été la seule impliquée dans l’affaire : sur les 1500 militants attendus à Bethléem, plusieurs centaines figuraient sur des « listes noires » envoyées par Israël aux compagnies aériennes. Lufthansa, Turkish Airlines, Austrian Airlines ou les low cost britanniques Jet2.com ou easyJet (pour celles connues), s’y étaient soumises.