Le procès en correctionnelle de la compagnie aérienne low cost Ryanair, accusée de « travail dissimulé » dans son ancienne base marseillaise, s’ouvre aujourd’hui à Aix-en-Provence. Mise en examen en septembre 2010, la spécialiste irlandaise du vol pas cher doit comparaitre les 30 et 31 janvier 2013 devant le tribunal correctionnel, pour répondre de plusieurs chefs d’accusation allant du travail dissimulé à l’entrave au fonctionnement du comité d'entreprise et des délégués du personnel, en passant par l’emploi illicite de personnels navigants (non affiliés au régime complémentaire obligatoire de retraite). Des accusations qui remontent à l’époque où Ryanair avait une base à l’aéroport de Marseille – Provence, avec quatre avions stationnés sur place et 127 employés L’enquête, lancée en avril 2010 et portant sur l’activité de la compagnie depuis 2006, faisait suite aux plaintes des syndicats UNAC et SNPL et de la caisse de retraite des navigants, qui reprochaient à la low cost de déclarer ses salariés en Irlande, où le droit est beaucoup plus favorable à l’employeur qu’en France. Ayant reçu le soutien des élus locaux, le PDG de Ryanair Michael O’Leary déclarait alors que les contrats de travail étaient conformes au droit européen et que ses salariés relevaient de la législation irlandaise car « n’exerçant pas une activité permanente » à Marseille – des arguments rejetés en août dernier par le magistrat instructeur. En représailles à ces poursuites judiciaires, Ryanair avait fermé de sa base au terminal MP2 en janvier 2011, y supprimant au passage 13 des 23 routes opérées. Mais les conséquences en termes de trafic avaient été de courte durée : neuf des liaisons annulées avaient été remises en service trois mois plus tard, et deux Boeing 737-800 y avaient été basés sur place le temps de la saison estivale. De passage à Marseille le 16 janvier dernier pour annoncer le lancement de cinq nouvelles routes, portant le total à 37 destinations, Michael O’Leary déclarait qu’il est « clair que le droit européen prévaut ». Avant d'ajouter qu’en cas de condamnation il ferait appel jusqu’à la Cour Européenne de Justice « devant laquelle nous pensons gagner car nous appliquons le droit européen ». Rappelons que d’autres compagnies aériennes ont déjà été condamnées en France pour des motifs similaires : Air France pour sa filiale irlandaise CityJet, et les low cost easyJet et Vueling.