Des ingénieurs syndiqués de Boeing ont approuvé la semaine dernière le principe d’une grève, ayant refusé la dernière proposition de contrat alors que le constructeur cherche une solution aux problèmes de batteries de ses 787 Dreamliner tout en augmentant la cadence de production. Le syndicat SPEEA (Society of Professional Engineering Employees in Aerospace), qui représente environ 23 000 employés, avait organisé un vote le 19 février 2013, suite à une longue dispute portant en particulier sur les pensions. Le SPEEA souligne les 12,6 milliards de dollars de profits accumulés depuis 2009, les dividendes versés ou l’augmentation de 20% des revenus du PDG Jim McTierney, et estime que ses membres devraient également être récompensés. Mais si la plupart des 15 000 ingénieurs ont voté en faveur d’un nouveau contrat de quatre ans (le dernier était arrivé à échéance en novembre dernier), une courte majorité des 8000 techniciens l’a refusé, ce qui les autorise à déclencher une grève. Boeing affirme toutefois que les négociations recommenceront cette semaine. L’arrêt de travail de ces techniciens tomberait au plus mal pour le constructeur américain : ils sont en effet concernés non seulement par l’enquête sur les incendies de batterie au lithium-ion, qui ont entrainé le 16 janvier dernier l’immobilisation au sol des 50 Dreamliner en service, mais aussi par la solution temporaire présentée la semaine dernière à la FAA. Sans oublier bien sûr la hausse des cadences de production du 787 prévue par Boeing, afin de réduire les retards accumulés par le programme. Toute grève pourrait remettre en question le développement du 787-9, qui doit entrer en service l’année prochaine, et celui du 737 MAX prévu pour 2017… La FAA a d’autre part précisé qu’elle prendra le temps d’examiner la solution proposée vendredi par Boeing, qui n’a toujours pas été officiellement détaillée, mais n’autorisera un retour dans les airs des Dreamliner que si elle est convaincue que cette solution apporte une réponse aux problèmes des batteries. Selon des sources anonymes, Boeing ne compte pas sur un éventuel  plan B, comme celui mis en place par Airbus pour son A350. Côté impact, All Nippon Airways a repoussé ce matin ses prochains vols en Dreamliner à la fin mai au plus tôt, portant le total de ses annulations à plus de 3600 (compagnie de lancement du 787, elle en a reçu 17). Qatar Airways a retiré les cinq siens de son programme de vol jusqu’à fin mars, les remplaçant par d’autres avions sur les routes entre Doha et Francfort, Londres, Munich ou Zurich. Air India en a fait de même avec les six déjà livrés, mais espère leur retour « au mois d’avril » sur les liaisons vers Paris, Francfort et Dubaï selon son président Rohit Nandan.