Le spectre de la cessation de paiement plane toujours autour du Comité Central d’Entreprise d’Air France, et les deux jours de réunion commençant aujourd’hui pourraient être décisifs pour sa « survie », la mise en redressement judiciaire étant désormais envisagée. Si la réunion du CCE ce 28 mars 2013 devrait être consacrée à la marche de la compagnie aérienne nationale, celle de vendredi se penchera à nouveau sur le problème du financement : malgré une dotation annuelle de 35 millions d’euros, les représentants des organisations syndicales qui le dirigent semblent incapables de gérer la restructuration annoncée. Selon Didier Fauverte, le secrétaire général CGT du CCE interrogé par Le Figaro, le mandataire judiciaire devrait demain « lui demander de ne pas payer les salaires de mars » et déclencher la mise en redressement judiciaire, qui serait prononcée le 20 avril. Une procédure qui sera soutenue par le membre du CCE Ronald Noirot (CFE-CGC) si la CGT, qui gère l’organisation depuis deux ans, persiste dans son refus d’engager un plan de sauvegarde de l’emploi en plus du plan de départs volontaires mis en place l’été dernier. Le CCE d’Air France avait déjà obtenu un sursis en février, avec l’ouverture d’une procédure de sauvegarde accordée par le tribunal de Bobigny qui lui donnait plus de temps pour trouver les moyens de financer son PDV. Sur les 90 volontaires espérés (représentant une masse salariale de 6,1 millions d’euros selon Le Figaro), 52 avaient été enregistrés à l’époque mais seulement 22 de plus sont partis depuis – d’où la demande d’un PSE supplémentaire pour les 18 « manquants ». M. Fauverte estime que cela n’est pas nécessaire, et affirme que la vente de centres de vacances sera suffisante pour éviter des licenciements (le CCE gère un patrimoine de plusieurs dizaines de millions d’euros, et s’est déjà séparé de 16 des 40 centres de vacances qu’il possédait il y a deux ans). La restructuration du CCE avait été lancée en juillet 2012, quand il avait déjà frôlé la cessation de paiement, le PDV s’accompagnant alors d’un emprunt de 17 millions d’euros censé apurer les comptes. Mais les syndicats CFDT et CFE-CGC trouvent le plan insuffisant et veulent un effort plus radical, passant donc par un PSE supplémentaire. La CFE-CGC dénonce en outre « une gestion délirante » de la CGT avec des « frais de fonctionnement exorbitants ». La dette du CCE, qui gère les activités sociales et culturelles des 49 300 employés d'Air France, dépasserait toujours les 10 millions d’euros (15 millions en 2009).