Le taxi est utilisé par un tiers des passagers débarquant ou en partance des aéroports parisiens, d’Orly ou Roissy Charles de Gaulle, le deuxième tiers utilisant les transports en commun et le troisième tiers leurs propres moyens. Enquête sur une profession ayant aussi de nombreux clandestins.     Aéroports de Paris (ADP) l’a bien compris, le taxi aux aéroports est une activité essentielle, qui vient en complément de l’activité aérienne même. Ainsi, la société ADP a investi dans une nouvelle station de taxi à Orly Ouest, inaugurée en février dernier. Située au niveau arrivée à côté de la porte A, cette station modernisée et embellie, propose de nouveaux services. Air-journal_taxis aeroport 2 Les passagers attendent désormais l’arrivée du chauffeur sous abri, avec des sièges disposés pour alterner rapidement les positions assis-debout. Des chauffages radiants s’activent grâce à ces capteurs dès que la température  se rapproche de zéro °C. Des panneaux indiquent au passager le temps d’attente et des écrans d’information lui donnent les temps de parcours depuis Orly vers différents points géographiques parisiens. Enfin, une borne permet d’appeler un agent d’Aéroports de Paris 24h/24 si la station est vide.Air-journal-Taxis aeroport 3 Une nouvelle station de taxis reposant sur le même modèle est prévue à Orly Ouest à l’horizon mi-2014. Le coût de la course Le coût de la course, variable en fonction de la circulation, est de 30 à 60 euros depuis Orly et Roissy. Voir tableau ci-dessous. Tarifs
Fourchette de prix (Min-Max) entre Gare de Lyon et les aéroports
Fourchette Min-Max
Aéroport d'Orly

De 30 à 45 €

Aéroport de Roissy

De 45 à 60 €

Source Taxis-Paris.fr
Air-journal-taxis 1 Entre les deux aéroports parisiens, la course s’affiche à environ 70 euros. Il faut majorer le prix de la course d’environ 15 % entre 19h et 7h du matin pour les trajets en banlieue et entre 17h et 10h du matin pour les trajets intra-muros, ainsi que les dimanches et jours fériés. Paris, 7ème ville la plus chère pour le coût du taxi au km Une étude de British Holidaymakers a classé différents aéroports internationaux sur ses destinations les plus populaires selon le prix de la course. Tokyo est de loin le plus cher avec une course évaluée à près de 230 €, suivie de Milan (85 €) et Muncih (50,5 km), mais ce sont aussi les aéroports les plus éloignés du centre. Ramené au coût au km, c’est Copenhague qui vient en tête des taxis les plus chers, devant Genève (considéré comme l’aéroport le plus proche du centre) et Tokyo Narita, Paris CDG s’intercalant en 7ème position.  
Les taxis les plus chers sur différents aéroports internationaux
Aéroports (rang)

Distance en km

Coût de la course en €

Coût au km

Copenhague (1)

8

40,5

5,06

Genève (2)

6

27

4,50

Tokyo Narita (3)

65

227

3,49

Bruxelles (4)

12

35,5

2,96

Amsterdam Schiphol (5)

18

42,5

2,36

Barcelone (6)

13

30

2,31

Paris CDG (7)

23

45,5

1,98

Melbourne (8)

23

44,5

1,93

Lisbonne (9)

9

17

1,89

New York (10)

26

49

1,88

Milan (11)

46

85

1,85

Dublin (12)

14

25

1,79

Athènes (13)

20

35

1,75

San Francisco (14)

21

35

1,67

Munich (15)

31

50,5

1,63

Source British Holidaymakers
  En Europe, le coût de la course la plus importante en valeur absolue est Olso Gardermoen avec 87 € et les taxis les moins chers en Europe sont Sofia en Bulgarie (2,60 €), devant Bucarest en Roumanie (5,70 €) et Istanbul (7,25 €). Dans le monde, le taxi meilleur marché se situe sur l’aéroport Indira Ghandi de New Delhi (3,20 € pour 16 km). L’aéroport thaïlandais Suvarnabhumi de Bangkok est lui aussi bon marché avec une course de 30 km pour 6,70 €. Comment se calcule le tarif de la course en France Air-journal-Taxis 2Trois tarifs de course (A, B et C), décidés par la Préfecture de police et avec accord du ministère des finances sont appliqués. Leurs valeurs combinant tarif horaire et au kilomètre, sont fonction de l’heure ou de la zone de travail dans Paris ou en Île-de-France. Pour un taxi, c’est le tarif C, applicable sur les dessertes des aéroports d’Orly et de Roissy, qui sont les plus intéressants financièrement (1,50 € du kilomètre contre 1,24 € et 1 € pour respectivement les B et C en zone intra-muros). Il est d’autant plus intéressant que la vitesse hors embouteillage passe à 70 km/h, contre moins de 30 km/h dans Paris intra-muros, multipliant d’autant la recette. Mais pour que la recette, soit bonne, encore faut-il que le taxi ne passe pas plusieurs heures d’attente dans les fameuses bases arrière engorgés des aéroports.
« Ils ont fait des améliorations pour les passagers, mais la file d’attente est toujours aussi longue pour nous. » Un chauffeur de taxi anonyme
Guantanamo ou base arrière Surnommée Guantanamo chez les chauffeurs de taxis, la base arrière de Paris Charles de Gaulle, a été créée il y a neuf ans. Elle ressemble à un immense dortoir pour taxis puisqu’il accueille  jusqu’à 4 000 voitures selon la Fédération es Taxis Indépendants de Paris (FTI75). Cette immense base accueille même 2 000 voitures dès 6 heures du matin. Ceux de Orly Ouest, dont ADP réfute le terme de base arrière puisqu’ils sont au contact direct des terminaux et qu’ils ont été créés en même temps que l’aéroport, sont bien plus modestes : 450 places à Orly Ouest et 150 à Orly Sud selon ADP. Air-journal_Taxis aeroport 5 « Le taxi qui gagne le plus est celui qui fait le plus de courses », explique André Chéguian, conseiller technique à la Fédération des Taxis indépendants FTI75, ce qui est possible sur Paris intra-muros mais pas sur les aéroports parisiens où il faut attendre longtemps son tour sur ces bases arrière. Or, la moyenne d’attente des taxis est de deux heures selon eux sur ces bases arrière. « S’il y a autant de monde à patienter sur ces bases arrière, c’est parce que les chauffeurs veulent « éviter le stress des bouchons ».
« Le Guantanamo, c’est un gros bordel. Et c’est une base relativement mal faite, puisque sans kiosques à journaux ou vente de cigarettes, et qu’elles sont éloignées des aérogares. Et sans compter l’attente initiale, il faut aujourd’hui de 20 à 25 minutes pour qu’un taxi parvienne depuis Guantanamo sur les terminaux E et F. C’est fou le temps qu’on perd. Quand on va là-bas, c’est pour se restaurer et se détendre », José Diégues de l’Union de Défende des Taxis Parisiens (UFTP).
Mais Guantanamo, malgré son surnom quelque peu péjoratif, n’est pas le pire ennemi des chauffeurs de taxi aux aéroports. Clandestins, "motos taxis" et VTC
« Notre plus gros problème aux aéroports, ce sont les clandestins, qui se font passer pour des taxis alors qu’ils n’ont aucune licence, travaillent au forfait, sans compteur et qui font du racolage à longueur de journée », André Chéguian de FTI 75.
Dans le détail, il faut d’abord distinguer les véritables clandestins, très nombreux selon l’avis pris auprès de nombreux chauffeurs de taxis. Ceux-ci opèrent en toute illégalité puisque sans licence. Il y a enfin les autres catégories de transporteurs, qui sont des professions réglementées comme les VTC (véhicules transporteurs de marchandises), les « motos taxis » au terme impropre puisqu’ils se nomment en réalité « motos transporteurs de personnes » (MTP) voire les occasionnels. Pour les VTC ou MTP, la réglementation veut qu’ils doivent justifier d’une réservation faite au préalable par le client pour pouvoir se présenter aux aéroports. Air-journal_Taxis aeroport 1 Les Boers La police des taxis est chargée de faire appliquer la réglementation et de faire la chasse aux taxis clandestins.  Elle est représentée par l’unité spécialisée « groupe taxi transport de personnes », à l’effectif de 70 personnes, opérant en civil 7j/7, 24h/24. Ils sont plus communément nommés Boers, un mot d’origine russe qui remonte à 1917, quand les premiers Russes chassés par la Révolution émigrent en France et s’installent comme cocher. Ces cochers-chauffeurs de taxis de l’époque reprirent alors le terme de « bourre » désignant à cette époque les policiers pour le déformer en « boers », un terme devenu langage courant aujourd’hui. Tous les profils co-existent parmi les clandestins dont le nombre s’avère difficile à chiffrer selon le major Bernard Baulard, responsable des Boers. Cela va du repris de justice au chômeur en passant par le boucher qui veut s’arrondir les fins de mois.
« Ce sont de longues heures de surveillance, d’attente et de filatures, la difficulté étant que l’infraction n’est retenue auprès d’un magistrat que s’il y a racolage effectif, que les bagages ont été déposés dans la voiture et que le conducteur a démarré », le major Baulard.
Autre difficulté, de fausses réservations renvoyées entre eux par téléphone portable par exemple, ou l’indifférence du client pour cette activité illégale.
« Il y a par exemple beaucoup de vols d’Afrique noire de très bonne heure le matin. Les chauffeurs de taxis clandestins qui les y attendent sont des personnes de ces pays. Et quand on les interpelle, ils font jouer des liens de parenté, ce qui nous empêche de notifier l’infraction. »
En 2012, 452 délits d’exercice illégal de l’activité de taxi dans Paris et sur les deux aéroports ont été sanctionnés, ceux-ci encourant une peine maximale de 15 000 € et un an d’emprisonnement. Ce souvent des amendes bien moindres qui sont requises en réalité, seuls « quelques multi, multi, multi récidivistes » ayant eu affaire à une peine d’emprisonnement.
Le passager-client est toujours considéré comme victime du système « mais il faut savoir « qu’il prend des risques en cas d’accidents avec blessures, le taxi clandestin n’ayant aucune assurance », le major Baulard. Air-journal_taxis3