Rolls Royce a présenté ses excuses à la compagnie aérienne Qantas Airways hier, reconnaissant ne pas avoir tout fait pour éviter les défauts qui ont déclenché en novembre 2010 l’explosion d’un des réacteurs Trent 900 du superjumbo peu après son décollage de Singapour. Suite à la remise du rapport final de l’Australian Transport Safety Bureau (ATSB) sur l’incident le 27 juin 2013, le motoriste britannique a reconnu avoir laissé passer « à de multiples reprises » l’occasion de détecter le problème de construction de conduite d’huile. Très sévère envers Rolls Royce, le rapport de l’ATSB a réitéré ses précédentes conclusions comme quoi des conduites d’huile à l’intérieur du réacteur avaient des parois fines non conformes aux spécifications, et l’apparition de fissures de fatigue avait conduit à une fuite dans le moteur, déclenchant un incendie qui avait entrainé la désintégration d’un disque de turbine, les débris endommageant de nombreuses autres pièces de l’A380 dont les ailes. Selon l’ATSB, ces dégâts étaient d’autre part plus importants que ceux modélisés ou prédits par les experts européens et américains. Le régulateur australien va plus loin dans ses conclusions, accusant Rolls Royce d’avoir laissé s’installer une « culture » acceptant de « passer sous silence ce qui était considéré comme des problèmes mineurs de non-conformité » sur des pièces de réacteurs. En 2007 et 2009, poursuit le rapport, des problèmes potentiels de sécurité avaient pourtant été évoqués lors d’audits internes, mais les ingénieurs du motoriste avaient selon l’ATSB soit sous-évalué le danger, soit manqué de les signaler aux échelons les plus haut de la compagnie. Et de conclure que les multiples occasions qui se sont présentées, tant au niveau du design que de la fabrication, pour identifier et remédier au défaut des conduites n’ont pas été saisies, en raison « d’ambigüités dans les procédures du constructeur » et de non respect des procédures de production. Le rapport fournit en outre quelques détails sur les dégâts causés par l’explosion, 650 câbles électriques ayant été sectionnés par les débris, et explique que l’enquête a été freinée par le fait que les conversations des pilotes au moment de l’incident ont été effacées des enregistreurs de vol et remplacées par les échanges alors que l’équipage ramenait l’A380 vers Singapour. « Nous n’avons pas été à la hauteur », a reconnu le directeur Engineering de Rolls Royce Colin Smith, expliquant que les procédures avaient été modifiées pour répondre aux critiques de l’ATSB. Et il a souligné que « la robustesse de l’Airbus A380 et le professionnalisme des pilotes de Qantas Airways, qui avaient permis à l’appareil et tous ses passagers d’atterrir sains et saufs » deux heures après l’explosion. Le comportement des pilotes avait été unanimement salué après l’incident du 4 novembre 2010 à Singapour, lorsque l’un des quatre réacteurs du superjumbo emportant 433 passagers et 26 membres d’équipage vers Sydney avait explosé peu après son décollage. Personne n’avait été blessé alors que le superjumbo avait une aile trouée, des systèmes hydrauliques et électriques endommagés, l’antiblocage des freins inopérant sous l’aile en question et les aérofreins bloqués en position d’urgence. Un des pilotes à bord, David Evans, avait décrit comme « les plus dangereuses pour les passagers comme pour l'équipage » les 50 minutes passées à débarquer tout le monde une fois l’appareil immobilisé : du carburant s'échappait de l'aile perforée et tombait sur des freins dont la température avait monté à 900 degrés pendant l'atterrissage, faisant craindre une explosion…