Le président bolivien Evo Morales a été contraint de faire escale pendant une douzaine d’heures à l’aéroport de Vienne, plusieurs pays européens dont la France lui ayant interdit leur espace aérien au cas ou l’informaticien américain Edward Snowden – qui a fuité les « secrets » de la NSA – se serait trouvé à bord. Le Dassault Falcon 900EX présidentiel avait quitté Moscou mardi soir après une rencontre entre Evo Morales et Vladimir Poutine et se dirigeait vers La Paz via l’Espagne quand la France et le Portugal, suivis par l’Italie et d’autres, ont fermé leur espace aérien à l’appareil en raison « d’informations contradictoires sur les passagers » pour reprendre les mots du président François Hollande – en l’occurrence la rumeur sur la présence à bord de Mr Snowden. Un radio amateur a capté les conversations entre les contrôleurs aériens et les pilotes, ces derniers s’interrogeant sur une possible destination en raison de l’autonomie en carburant, et l’avion a finalement été autorisé à se poser à l’aéroport de Vienne mardi soir vers 21h40. M. Morales et son entourage ont dû arpenter pendant des heures les couloirs du terminal VIP, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères autrichien expliquant que les autorités « avaient conduit un examen de routine des passeports de toutes les personnes à bord » et que « contrairement aux rumeurs M. Snowden ne se trouvait pas à bord ». Il a insisté sur le fait que l’avion n’avait pas été fouillé faute de « bases légales », et expliqué l’escale impromptue par « des problèmes de survol et des ennuis techniques ». L’ambassadeur espagnol en Autriche aurait tenté de « prendre un café à bord » avec le président bolivien, demande rejetée car interprétée comme une fouille pré-conditionnant le survol de l’Espagne. Le Falcon a finalement redécollé de Vienne mercredi en fin de matinée, Paris, Lisbonne et Rome ayant été « rassurés » par les autorités autrichiennes sur l’absence de « l’espion ». Il a fait escale aux îles Canaries pour se ravitailler avant de poursuivre son chemin vers la Bolivie. Oublions l’hypocrisie générale et les rodomontades politiques entourant le cas Snowden (toujours dans l’aéroport Sheremetyevo de Moscou semble-t-il), la France ayant présenté ses « regrets » à la Bolivie après s’être rendue compte qu’il s’agissait d’un avion présidentiel : le dernier et l’un des rares cas d’interdiction de survol signifiée à un avion présidentiel remonte à 2011, quand le Turkménistan et le Tadjikistan avaient fermé leur espace aérien (sous pression américaine) au président soudanais Al-Bashir – qui était sous le coup d’un mandat d’arrêt international pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre au Darfour.