Philippe Jeannard, 61 ans, a été incarcéré pendant trois mois dans une geôle des Etats-Unis pour s’être fait passé pour un faux pilote d’Air France. Libéré le 18 juin dernier avec interdiction de fouler le sol américain pendant cinq ans, il s’est expliqué sur sa conduite dans le journal Sud-ouest. Philippe Jeannard a toujours été un grand voyageur. Il a surtout une grande passion pour l’aérien, sa mère ayant exercé en tant qu'hôtesse de l’air. En ce 20 mars 2013, ce jeune retraité se présente à l’aéroport de Philadelphie pour prendre un vol US Airways pour Palm Beach afin de s’y adonner à l’une de ses passions : le golf. L’homme ne manque pas de culot. Au comptoir US Airways, il demande à se faire surclasser, ce que l’hôtesse refuse. Il se fâche et menace de se plaindre auprès de la compagnie. Puis il embarque. L’équipage d’US Airways constate avec surprise qu’il porte chemise blanche, veste de commandant de bord avec épaulettes et une sacoche au logo Air France. « Dans le club de golf où je me rends depuis 2011, il y a des soirées déguisées. Et, cette année, je devais être habillé en commandant de bord. J’avais une sacoche sur laquelle il y a inscrit “pilot” avec un logo, et j’avais acheté une chemise et des galons sur Internet. Ensuite, j’avais un porte-clés avec une carte qui leur a paru suspecte », s’explique-t-il dans les colonnes de Sud-ouest. Quand on lui propose de visiter le cockpit, c’est encore par l’affirmative. Lors de son procès à Philadelphie, il expliquera d’ailleurs au juge : « Quand je vole, j’ai une telle admiration pour l’équipage dans le cockpit que je fantasme moi aussi que je suis capitaine ». Dans les colonnes du journal de Philadelphie The Inquirer, son avocat ajoutait également qu’il portait cet uniforme pour impressionner une femme qu’il voulait séduire à Palm Beach. A l’intérieur du cockpit, il affirme ne pas avoir pris le dernier siège du cockpit, le jump seat. « On m’a demandé si je voulais dire bonjour au commandant de bord. J’y suis allé et j’ai discuté quelques instants, debout dans le cockpit, sans faire valoir quelque fonction que ce soit. Je ne me suis jamais assis et je n’ai encore moins voulu faire décoller l’avion comme cela a été dit. Je lui ai simplement demandé si je pouvais faire le voyage avec eux. » Mais une chef de cabine va reconnaître le visiteur comme étant celui ayant fait scandale pour se faire surclasser. Sa carte d’identification Air France s’avérant contrefaite, il sera arrêté et menotté, interrogé lors d’une séance de plaider coupable, « c’était ça où je partais pour cinq ans », dit-il, puis « emprisonné dans une cellule de 12 mètres carrés avec un tueur en série qui purgeait une peine de trente ans », poursuit sud-ouest. « Ils m’ont vraiment pris pour un terroriste, je passais en boucle sur toutes les télés. J’étais dans un engrenage », se désole-t-il. Et de résumer sèchement : « Trois minutes dans un cockpit pour trois mois derrière les barreaux (…) J’ai été flingué à bout portant… »