Les compagnies aériennes American Airlines et US Airways vont se « défendre vigoureusement et utiliser tous les moyens légaux à leur disposition » après la décision des autorités de s’opposer à leur fusion, qui doit créer le premier transporteur mondial en capacité. L’annonce surprise le 13 août 2013 du ministère de la justice américain, qui estime que cette fusion se traduirait par « une hausse des tarifs aériens pour les consommateurs pour un moindre service », a fait dégringoler les courses de la bourse pour les deux transporteurs : AMR, maison-mère d’American Airlines, a perdu 45% et US Airways 10% (même si la première reste à près de +300% en 2013 et la seconde à +20%). Leurs dirigeants ont publié une réponse commune, assurant que le DoJ (Department of Justice) avait « tort » : « bloquer cette fusion pro-concurrence déniera aux passagers l’accès à un réseau plus vaste et offrant plus de choix », expliquent-ils, ajoutant que la fusion « est la meilleure solution pour la restructuration d’AMR ». Une « défense vigoureuse » va donc être montée, et toutes les options judiciaires seront étudiées afin que cette fusion et « les bénéfices de la nouvelle American pour ses clients et communautés » puissent avoir lieu le plus rapidement possible. Première conséquence inévitable : le PDG d’US Airways Doug Parker a reconnu dans une lettre aux employés que la fusion ne sera pas finalisée comme prévu pendant le troisième trimestre 2013, tout en soulignant une fois encore qu’elle était la meilleur solution pour les passagers comme pour les actionnaires. Le DoJ, soutenu par les autorités de plusieurs états, a précisé que cette fusion laisserait le ciel des Etats-Unis avec « seulement trois compagnies aériennes classiques et très similaires, dont l’expérience montre qu’elles préfèrent de plus une plus une coordination tacite plutôt qu’une concurrence poussée ». Les deux autres sont bien sûr United Airlines (après sa fusion avec Continental Airlines en 2010), et Delta Air Lines (qui s’est mariée avec Northwest Airlines en 2008). Et il a rappelé que les PDG d’American Airlines et US Airways avaient répété à plusieurs reprises « ne pas avoir besoin de cette fusion pour avoir du succès ». Un responsable de la concurrence au DoJ a de son côté rappelé qu’une augmentation du prix du billet ou des bagages enregistrés « même minime se traduirait par des millions de dollars de pénalités pour les consommateurs américains ». Rappelons que la Commission Européenne avait donné le 5 août son feu vert à la fusion, sous condition de cession d'une paire de créneaux par jour à l'aéroport de Londres – Heathrow, ainsi qu'à d'autres engagements afin de favoriser l'entrée d'autres compagnies sur le marché de la liaison Londres - Philadelphie. Le régulateur européen de la concurrence avait jugé que les autres axes transatlantiques n’étaient pas menacés grâce à la présence « d'autres concurrents importants », en l’occurrence les coentreprises de Delta Air Lines avec Air France – KLM et Alitalia ou de United Airlines avec Lufthansa et Air Canada. En outre, sur certaines liaisons, la nouvelle American « continuera à être confrontée à une forte concurrence de la part de Virgin Atlantic, notamment après l'acquisition par Delta du contrôle en commun du groupe Virgin, ainsi que d'autres transporteurs aériens réguliers ne faisant pas partie d'entreprises communes appliquant le principe de la neutralité par rapport à l'avion utilisé ». Mais il est vrai qu’elle n’étudiait pas les conséquences de la fusion sur les lignes intérieures américaines.