Le sauvetage de la compagnie aérienne Alitalia prend des allures de roman à scandale, l’actionnaire à hauteur de 25% Air France-KLM étant obligé de démentir la rumeur d’un plan de licenciements massif et de délocalisations vers Paris de certaines activités. Le quotidien italien Il Messagero avait cité un « actionnaire significatif » mais anonyme selon qui 4000 postes seraient supprimés, les services au sol de la compagnie nationale italienne seraient fermés, sa flotte divisée par deux, ses activités principales délocalisées à Paris et son activité à l’aéroport de Rome – Fiumicino soumise à celle de CDG, le tout orchestré par le groupe franco-néerlandais en échange de sa montée dans le capital d’Alitalia. Le membre du conseil d’administration et directeur financier d’Air France Philippe Calavia a nié l’existence d’un « plan français », rejoint par un autre membre, Maurizio Traglio, selon qui « aucune information sur l’existence d’un plan français sur Alitalia n’a été communiqué ». La semaine dernière, le PDG d’Air France – KLM Alexandre de Juniac s’était dit prêt à soutenir Alitalia dans ses efforts de restructuration, mais en posant des conditions très strictes. Il estimait notamment que le sauvetage d’Alitalia « est compatible avec le plan Transform 2015 parce que les conditions posées sont très strictes », et sera accompagné par le groupe si elle se donne « les moyens de se développer de façon soutenable à moyen et long terme ». Et il avait évoqué le scénario d’une « grande maison européenne » qui rassemblerait un jour les trois partenaires de l’alliance SkyTeam, chacune alimentant en moyen-courrier les points forts de l’autre en long-courrier – sur le modèle en vigueur dans le groupe franco-néerlandais, par exemple sur les destinations de l’Afrique de l’est. Cinq ans après avoir été sauvée de la faillite, Alitalia n’a toujours pas trouvé de solution pour contrer les avancées des low cost comme easyJet ou Ryanair, et la concurrence du train à grande vitesse. Elle a dévoilé le 26 septembre une perte nette de 294 millions d’euros au premier semestre (201 millions l’année dernière), le chiffre d’affaires n’atteignant que 1,62 milliards d’euros (1,69 en 2012). Une réunion de gouvernement italien sur le sujet est prévue aujourd’hui.