Le tribunal du travail de Charleroi s’est déclaré incompétent dans le procès intenté contre la compagnie aérienne low cost Ryanair par six anciens hôtesses et stewards, estimant que les ordres venaient principalement de Dublin et non de Belgique. Cinq Espagnols et une Belge ayant travaillé entre 3 et 5 ans pour la spécialiste irlandaise du vol pas cher, la poursuivaient ainsi que Crewlink (qui lui fournit les employés) à propos de leurs contrats de travail sous droit irlandais alors qu’ils étaient basés à l’aéroport de Charleroi sur le sol belge. Ils réclamaient 20 000 euros à titre provisionnel pour les congés payés, primes et indemnités non perçus. Sans surprise, l’avocat de Ryanair avait défendu des réglementations européennes supplantant le droit du travail belge, affirmant que l’essentiel du travail était fourni à bord de ses Boeing 737-800 immatriculés en Irlande, Charleroi n’étant qu’un « port d’attache ». Le tribunal du travail a jugé le 4 novembre 2013 que les plaignants « ne prouvaient pas suffisamment qu’ils dépendaient du siège de Ryanair sur le sol belge », en l'occurence à l’aéroport de Charleroi, et que l’essentiel des décisions les concernant étaient prises à Dublin, siège irlandais de Ryanair. La Centrale nationale des employés (CNE), qui évoquait des « conditions de travail proches de l’exploitation humaine », a déclaré qu’elle entendait faire appel du jugement. Interrogé par L’Avenir, le membre de la CNE en charge du dossier Yves Lambot s’est déclaré déçu par le jugement, alors que des tribunaux à Aix-en-Provence et en Norvège avaient condamné Ryanair sur le même sujet. Il ajoute vouloir « une jurisprudence valable en Belgique, puis devant les tribunaux européens ». Réaction officielle de la low cost, qui lançait hier son programme d’été 2014 avec plus de 1600 routes dans 29 pays en soulignant sa nouvelle approche plus douce pour les passagers : « Ryanair accueille cette décision qui confirme la règlementation européenne régissant les règles sur les travailleurs mobiles et reflétant d’autres décisions similaires rendues en Allemagne, Italie et Espagne. Dès lors que les équipages de Ryanair qui passent leurs journées de travail dans des avions irlandais (considéré comme territoire irlandais)  sont employés par des contrats de travail irlandais et payent leurs impôts en Irlande, il n’y a aucune règle qui confirme que ce type de plainte dépend de la cour du travail belge ».