Le syndicat de pilotes SNPL France ALPA a réagi à la publication d’une hausse de 51% des bénéfices de la compagnie aérienne low cost easyJet, prévenant les passagers que « des perturbations sont à prévoir dans les mois à venir » si la direction ne tient pas les engagements pris l’année dernière. Dans un long communiqué diffusé le 19 novembre 2013, le syndicat français réagit au bénéfice avant impôt révélé le jour même par la spécialiste britannique du vol pas cher (568 millions d’euros), « du jamais vu ! Mieux que Ryanair en termes de retour sur investissement ». Le SNPL demande aux voyageurs « d’imaginer en Europe une entreprise qui réussisse, qui affiche des résultats à faire pâlir ses concurrents et où son personnel a le mal de vivre », car si on pourrait croire que « ses employés sont heureux et qu’ils profitent de ce succès grâce à un partage des bénéfices », la « gestion uniquement financière de l’entreprise » en a malheureusement décidé autrement. Il n’y aura pas de redistribution en France, poursuit le syndicat, « pas d’accord d’intéressement, pas de Plan Epargne Entreprise, ni d’amélioration des conditions de travail, peut-être une augmentation de salaire en dessous de l’inflation… Juste quelques actions gratuites distribuées avec parcimonie ». Selon le SNPL France ALPA, la politique d’easyJet du « toujours plus de flexibilité entraîne une démotivation du personnel, le manque de reconnaissance devient insupportable. Alors que le management se partage des millions d’euros, le personnel est oublié et doit se satisfaire d’une course au moins-disant social ». Didier Bourguignon, membre de la section easyJet du syndicat, a déclaré : « Nous, les pilotes, sommes très inquiets car les négociations actuelles se déroulent comme si nous travaillions dans une compagnie en difficulté financière. La Direction essaie de diminuer les coûts au détriment des jeunes pilotes, et sans tenir compte de la fatigue des équipages. Il est temps de mettre en place les améliorations qui permettront aux collègues de travailler avec des plannings adaptés. » Depuis cinq ans, « aucun contrat temps alterné n'a été accepté par easyJet. Pourtant dans cette compagnie européenne, les salariés sont en autres Anglais, Français, Belges, Hollandais, Espagnols, Allemands, Italiens, Grecs, et les transferts de base à base font qu’il est difficile pour eux de voir leur famille régulièrement. Tout est fait pour les en empêcher en leur refusant un contrat adapté à temps partiel, en compliquant l’accès aux facilités de transport, et en morcelant les périodes de repos. Le résultat est catastrophique et la fatigue ignorée ». Le mouvement social d’août 2012 devait apporter des améliorations en termes de qualité de vie, rappelle le syndicat : « nous les attendons toujours et la Direction n’a pas respecté ses engagements. Elle surfe à loisir sur le droit du travail en appliquant certains articles et pas d’autres. Nous sommes contraints, à chaque litige, d’aller devant les tribunaux avec des délais ubuesques d’attente de décision. Cette dépense d'énergie, ce refus d'aller de l'avant, ces menaces perpétuelles d'un avenir sombre, ce manque évident de discours social, nous oblige à prévenir nos passagers que des perturbations sont à prévoir dans les mois à venir, si notre Direction persiste à refuser ce qu'elle s’était engagée à faire ».