Le syndicat SNPL France Alpa a publié une lettre ouverte dans laquelle il dénonce l’emprisonnement sans charge en République dominicaine de deux pilotes français, qui devaient piloter un avion d’affaires dans lequel 630 kilos de cocaïne avaient été découverts en mars dernier à Punta Cana. Intitulé « déni de justice en République Dominicaine », le texte du SNPL « dénonce fermement les dysfonctionnements de la justice dominicaine et sera amené à émettre des consignes allant jusqu'au refus de desserte de la République dominicaine si les droits légitimes de Bruno Odos et Pascal Fauret ne sont pas respectés rapidement ». Les deux pilotes avaient été interpellés le 20 mars 2013 lors d’une « opération anti-drogue d’envergure après plusieurs mois d’infiltration par la Direction Nationale de Contrôle des Drogues (DNCD) en collaboration avec la DEA » selon leurs avocats. Trente cinq personnes, notamment des militaires affectés au corps spécialisés de sûreté aéroportuaire, des agents des douanes et plusieurs agents de la DNCD, avaient été arrêtés, et plusieurs Français dont les pilotes en question qui s’apprêtaient à effectuer un vol transatlantique en Falcon 50 au départ de l’aéroport de Punta Cana. Selon le syndicat, le « seul tort de Bruno Odos et Pascal Fauret est d’avoir été, à l'instar de l'équipage de la compagnie Air France sur le vol Caracas-Paris du 10 septembre 2013, les pilotes d'un avion dans lequel ont été placés, avec la complicité de plus de 35 personnes de l’aéroport de Punta Cana, autorités aéroportuaires et douanières comprises », 630 kilos de cocaïne conditionnés dans 26 bagages. Ils sont enfermés depuis maintenant 270 jours dans le quartier de haute sécurité de la prison d’Higüey située à une centaine de kilomètres de Punta Cana, « sans possibilité de répondre aux accusations portées à leur encontre ». Les autorités ont décidé mardi de repousser une nouvelle fois l'audience qui leur permettrait de se défendre en « répondant aux accusations du Procureur qui, dans le cadre de son enquête, n’avait déjà pas cru bon de les interroger. Ce nouveau délai fait suite à une impressionnante série de dysfonctionnements qui se sont succédé : en 9 mois, plusieurs juges ont successivement été désignés puis récusés pour trancher cette affaire. Plus de 12 renvois ont été prononcés et les responsables qui ont mené les arrestations ont été remplacés! », affirme le SNPL. Quatre points sont rappelés par le syndicat pour justifier son soutien : il s'agissait d'un vol de transport public de passagers, soumis à la même réglementation que n'importe quel vol d'une compagnie régulière. Les deux pilotes effectuaient ce vol en tant que salariés de leur compagnie aérienne (SN-THS) qui les avait désignés pour le faire. La République dominicaine, en tant que membre de l'Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI), est tenue de scanner l'ensemble des bagages (soute et cabine) de tous les passagers. Ces vérifications sont de la seule responsabilité des autorités locales. Les pilotes d'un vol de transport public sont uniquement tenus de vérifier la masse (poids total de la charge embarquée) et le centrage (répartition des passagers et bagages) de l'avion en s'assurant qu'ils permettent à l'avion de toujours rester dans son domaine de vol ; et en aucun cas les pilotes d’un vol de transport public n’ont de pouvoir de douane ou de police qui les autoriseraient à vérifier le contenu des bagages de leurs passagers. Dans une affaire similaire qui avait vu la saisie de 1,3 tonne de cocaïne en septembre à l’arrivée du vol Air France entre Caracas et Paris, 28 personnes ont été mises en examen au Venezuela pour trafic de drogue aggravé. Parmi elles, un chef d’escale adjoint d’Air France, des employés d’une société d’acheminement de bagages de Caracas et huit soldats de la Garde Nationale(dont un lieutenant colonel). Cinq autres personnes, deux Britanniques et trois Italiens, ont aussi été mises en examen, cette fois en France. La compagnie s’est portée partie civile dans l’affaire.