Ismaël Nohou, un sans-abri, vivait depuis 26 ans dans les sous-sols de l’aéroport de Roissy, rapporte le Parisien. Un monde secret « s’étalant sur quatre ou cinq fois la surface visible de l’aéroport » et qu’il est l’un des rares à connaître presque les yeux fermés. C’est à l’occasion d’un jugement pour le vol de mp3 dans une voiture du garage de l’aéroport que l’histoire de Ismaël Nohou a été révélé. Car bien que jugé douze fois auparavant pour de petits larcins, personne ne s’était jamais penchée sur son cas. C’est désormais le cas grâce à l’enquête de l’Apcars de Bobigny, une association de juristes d’aide à la réinsertion. « Tout le monde le connaît au moins de vue, avec sa peau mate, ses cheveux longs et ses yeux qui clignent de façon intempestive, raconte dans la colonnes du Parisien Christophe, un ancien travailleur social habitué du site. Cela dit, c’est un personnage un peu à part : contrairement aux autres sans-domicile fixe de l’aéroport, il vit reclus sous terre et remonte rarement à la surface. » Ce serait même « l’un des rares à pouvoir s’y repérer les yeux fermés », dit un autre travailleur social, Ismaël préférant quant à lui se placer de préférence sous les terminaux 2A et 2B, proches des poubelles des restaurants. L’ensemble est constitue des centaines d’hectares de galeries souterraines, de locaux techniques… « Ce Roissy parallèle s’étale sur quatre ou cinq fois la surface visible de l’aéroport, explique Naoufel, un autre travailleur social. On y accède par une voie de service connue des seuls employés habilités et de la police. Pour aller d’un étage à l’autre, on utilise ce qu’on appelle les coquilles, des escaliers en colimaçon trop étroits pour accueillir plus d’une personne à la fois. C’est un labyrinthe sans fin. » Le vagabond, qui est aujourd’hui en détention en attendant la venue d’une autre audience auprès du tribunal ce mardi 14 janvier, va subir une expertise psychiatrique entre-temps. « Sa place n’est pas en prison, estime Me Taj. Malgré son casier chargé, la justice ne s’est jamais intéressée à son histoire ou à son état de santé mental durant toutes ces années. Aujourd’hui, à part l’hôpital psychiatrique, Ismaël n’a plus d’horizon. »