Les familles de victimes du crash de Yemenia Airways, qui avait fait 152 morts et une rescapée en juin 2009 au large des Comores, exigent des efforts concrets de la part du gouvernement français pour faire avancer l’enquête. Lors d’une conférence de presse à Paris le 5 février 2014, suite à l’annonce de la mise en examen de la compagnie aérienne yéménite pour homicide involontaire, l'association des familles de victimes (AFVCA) a de nouveau dénoncé les « blocages » de Yemenia qui entravent l’enquête, près de cinq ans après le drame. La France doit « s’impliquer davantage », explique sur France Info Ibrahim Mogni, membre de l’AFVCA qui a perdu sa mère, son frère et sa sœur dans le crash ; et il « est naturel qu’elle nous aide dans ce combat » d’autant que 62 Français et 43 Comoriens résidant dans l’hexagone se trouvaient parmi les 142 passagers et 11 membres d’équipages de l’Airbus A310, qui avait décollé de Sanaa et s’était écrasé en mer peu avant l’atterrissage à Moroni. L’avocat de l’association est plus direct : pour Gérard Montigny, Yemenia a « refusé depuis quatre ans de communiquer des pièces essentielles réclamées par le juge d’instruction », paralysant de fait l’enquête sans provoquer de réaction des autorités françaises et européennes. Un courrier a d’ailleurs été envoyé au ministre des affaires étrangères Laurent Fabius afin que des « pressions adéquates » soient exercées sur le Yémen et l’AESA. L’AFVCA a toutefois salué malgré son retard la décision de justice de fin janvier, « une décision capitale dans le chemin vers la justice » et « la fin de quatre ans et demi de mépris, de blocages systématiques, de lâcheté et d’impunité de la part de la Yemenia » Une note positive a cependant illuminé la conférence de presse : la seule survivante, Bahia Bakary qui avait 14 ans au moment du crash dans lequel elle a perdu sa mère, était présente. Elle a choisi de ne pas ressasser ses blessures, ses opérations ou son traumatisme mais d’être une jeune fille « normale ». « Oui j'ai des cicatrices. Oui j'ai le chagrin d'avoir perdu maman, mais mon quotidien est maintenant celui d'une jeune fille normale. Je vais au lycée. Le week-end, je sors avec mes copines. Je m'occupe de mes petits frères et sœurs. Une vie ordinaire qui me convient bien. La vie doit continuer ». Et de souligner que son meilleur soutien est sa famille, et qu’elle est retournée deux fois aux Comores en avion, déclenchant chez l’avocat de l’association cette remarque : « j'aimerais que les ministres français soient aussi courageux que cette jeune femme ». Rappelons que le rapport officiel final sur le crash de Yemenia Airways avait conclu en juin 2013 à la responsabilité des pilotes. Le ministre comorien des transports expliquait alors que la commission d'enquête soutenue par l'état français (le BEA avait analysé les boîtes noires) avait conclu à une « action inadaptée de l'équipage au cours d'une manœuvre non stabilisée ». La France avait d’abord mis en cause la maintenance et la vétusté de l’appareil, âgé de 19 ans, mais un rapport préliminaire en 2011 avait déjà mentionné des erreurs manifestes de la part des pilotes, avec entre autres le non-respect des procédures d’atterrissage, notamment en ce qui concerne le positionnement des becquets, et vitesse trop faible en cas de problème.