Le renvoi de l’audience des deux pilotes français accusés de trafic de drogue en République Dominicaine, poussant le SNPL France ALPA à menacer d’un boycott des vols vers le pays si aucune avancée ne survient lors de la prochaine audience le 25 février. Cela fait dix mois que deux pilotes français, qui devaient piloter un avion d’affaires dans lequel 630 kilos de cocaïne avaient été découverts en mars 2013 à Punta Cana, sont emprisonnés sans charges. L’audience prévue le 4 février 2014 a été repoussée comme les précédentes, en raison de l’absence de trois prévenus. Le syndicat français SNPL, qui avait pris fait et cause pour les deux hommes, a cependant souligné que pour la première fois les autorités judiciaires ont déclaré que le procès devait se tenir rapidement « dans l’intérêt de la République ». Il en prend acte, mais prévient aussi que si le nouveau rendez-vous du 24 février n’accouchait d’aucune « avancée significative, constat serait fait que la sécurité juridique des équipages n’est pas assurée dans ce pays ». En conséquence, il appellerait immédiatement « les pilotes français à cesser d’assurer les vols à destination de la République Dominicaine ». Le SPNL avait pris fait et cause pour Bruno Odos et Pascal Fauret, interpellés le 20 mars 2013 lors d’une « opération anti-drogue d’envergure après plusieurs mois d’infiltration par la Direction Nationale de Contrôle des Drogues (DNCD) en collaboration avec la DEA » selon leurs avocats. Trente cinq personnes, notamment des militaires affectés au corps spécialisés de sûreté aéroportuaire, des agents des douanes et plusieurs agents de la DNCD, avaient été arrêtés, ainsi que plusieurs Français dont les deux pilotes qui s’apprêtaient à effectuer un vol transatlantique en Falcon 50 au départ de l’aéroport de Punta Cana. Selon le syndicat, le « seul tort de Bruno Odos et Pascal Fauret est d’avoir été, à l'instar de l'équipage de la compagnie Air France sur le vol Caracas-Paris du 10 septembre 2013, les pilotes d'un avion dans lequel ont été placés, avec la complicité de plus de 35 personnes de l’aéroport de Punta Cana, autorités aéroportuaires et douanières comprises », 630 kilos de cocaïne conditionnés dans 26 bagages. Les deux hommes sont enfermés dans le quartier de haute sécurité de la prison d’Higüey située à une centaine de kilomètres de Punta Cana, et le syndicat affirme qu’une impressionnante série de dysfonctionnements se sont succédé : « plusieurs juges ont successivement été désignés puis récusés pour trancher cette affaire. Plus de 12 renvois ont été prononcés et les responsables qui ont mené les arrestations ont été remplacés », affirmait-il en décembre dernier. Quatre points sont rappelés par le syndicat pour justifier son soutien : il s'agissait d'un vol de transport public de passagers, soumis à la même réglementation que n'importe quel vol d'une compagnie régulière. Les deux pilotes effectuaient ce vol en tant que salariés de leur compagnie aérienne (SN-THS) qui les avait désignés pour le faire. La République dominicaine, en tant que membre de l'Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI), est tenue de scanner l'ensemble des bagages (soute et cabine) de tous les passagers. Ces vérifications sont de la seule responsabilité des autorités locales. Les pilotes d'un vol de transport public sont uniquement tenus de vérifier la masse (poids total de la charge embarquée) et le centrage (répartition des passagers et bagages) de l'avion en s'assurant qu'ils permettent à l'avion de toujours rester dans son domaine de vol ; et en aucun cas les pilotes d’un vol de transport public n’ont de pouvoir de douane ou de police qui les autoriseraient à vérifier le contenu des bagages de leurs passagers.