La deuxième journée du Salon de Singapour a été dominée par des commandes d’Airbus A380, ATR 72-600 et Boeing 737, Embraer affinant ses prévisions à 20 ans pendant que Qatar Airways rêve d’un A350-900 livré plus tôt que prévu. La finalisation le 12 février 2014 de la commande ferme de vingt Airbus A380 par la société de leasing Amedeo (ex Doric Lease Corp) a été précisée côté configuration : les superjumbos pourront accueillir 573 passagers contre dont 525 en configuration classique tri-classe, 12 en Première, 66 en classe Affaires et surtout 475 en Economie (66 sur le pont supérieur avec les classes premium) dans des sièges de 18,5 pouces. Un aménagement qui « permet une configuration efficiente et flexible de la cabine, et minimise les coûts de reconfiguration lors de la transition d’un opérateur à l’autre », précise Airbus. Le constructeur rappelle qu’il vise une trentaine de commandes d’A380 en 2014, un but atteint donc aux deux-tiers. Amadeo possède déjà dans son portefeuille 18 superjumbos acquis en sale and lease back, plus quatre autres acquis l’année dernière. Nous ne reviendrons pas sur les annonces déjà détaillés d’ATR (vingt 72-600 plus autant d’options pour la société de leasing Dubai Aerospace, 6 plus 2 options pour Bangkok Airways) ou de Boeing (engagement sur huit 737-800 et sept 737 MAX 8 pour la low cost Nok Air). La journée d’hier a été aussi marquée par quelques déclarations dignes d’être relevées, à commencer par celles du PDG de Qatar Airways Akbar al Baker selon qui le premier A350-900 « pourrait être livré un à deux mois plus tôt que prévu » en décembre - alors qu’Airbus expliquait la veille qu’il n’y avait aucune chance de voir le programme de certification accéléré malgré les « progrès remarquables » des essais en vol. Il a dans le même temps taclé le Bombardier CSeries, expliquant qu’il n’allait « pas atteindre indéfinitivement que le programme arrive à maturation » et franchisse le cap des 300 commandes fermes qui pourrait enclencher un achat par Qatar Airways (le programme vient juste de passer la barre des 200). Après Boeing (12 820) et Airbus (10 940), Embraer a fourni ses propres estimations pour le marché Asie-Pacifique dans les 20 ans à venir : 1500 avions de 70 à 130 places selon le constructeur brésilien, qui affiche environ 80% de parts de marché sur ce créneau dans la région. Soit des ventes de 70 milliards de dollars, dont un tiers consacré au renouvellement des flottes et deux tiers à l’expansion des flottes. Le trafic passager en Asie-Pacifique est « principalement composé de marchés secondaires avec une demande basse à moyenne », explique le dirigeant avions commerciaux d’Embraer Paulo Cesar Silva. Un marché justement visé par Avianca Brasil, qui étudie la famille Embraer E2 mais aussi les offres de Bombardier, Mitsubishi et Sukhoi pour une éventuelle commande de 50 avions régionaux, alors que le gouvernement brésilien étudie la mis en place d’incitations financières pour encourager la desserte des régions les plus reculées. Mitsubishi affirmait hier que son programme MRJ90, repoussé quatre fois par le passé, a fini par trouver son rythme de croisière malgré les critiques récentes de son meilleur client, la compagnie américaine SkyWest Airlines (100 commandes fermes plus 100 options). Le fuselage est pratiquement terminé, a déclaré son directeur commercial Yugo Fukuhara, et l’assemblage des ailes est prévu en avril tandis que l’empennage vertical arrivera « dans quelques mois ». Son vol inaugural est prévu en 2015, et la première livraison à la compagnie de lancement All Nippon Airways au deuxième trimestre 2017 On rappellera au passage la déclaration de John Leahy, vendeur en chef d’Airbus, à l’ouverture du salon : les Bombardier et autres nouveaux avions régionaux russes ou chinois « ne seront pas une menace pour Airbus ou Boeing dans les dix prochaines années. Dans les 20 prochaines, probablement ; la plus grande menace viendra alors probablement d’un constructeur chinois »… A savoir COMAC, qui développe l’ARJ21 (dont quatre configurations -700 ont été présentées : hybride, tout premium, affaires ou executive) et le C919 : ce dernier devrait entrer en phase d’assemblage final « vers la fin de l’année, avec l’espoir d’un premier vol en 2015 » selon le directeur général ventes et marketing Dang Tiehong. Le premier programme a dépassé la barre des 300 commandes fermes, et le second celle des 400.