La grève des pilotes du 3 au 30 mai 2014 touchera principalement la compagnie aérienne Air France, qui annulera la plupart des vols visés alors qu’elle n’est pas concernée par les revendications du syndicat SNPL France ALPA. La compagnie nationale française a expliqué le 29 avril avoir pris connaissance des détails du préavis de grève déposé par le SNPL, un « mouvement inhabituel tant par son amplitude, près d'un mois, que par son mode opératoire qui pénalisera significativement, et chaque jour, les vols du Groupe Air France à deux moments charnières de son exploitation ». Chaque jour, un arrêt de travail est prévu de 5h45 à 7h45, qui désorganisera les premiers départs des vols moyen-courriers et, du fait de l'enchaînement des vols, le programme de vols de toute la journée ; puis un second de 12h45 à 15h45 touchera la plus grosse plage de départs long-courriers de la journée, avec plus de 30 vols long-courriers programmés sur les 70 quotidiens. Cette grève « désorganisera le programme des vols d'Air France et empêchera les correspondances » à l’aéroport de Paris-CDG : pour éviter cette situation et par respect pour ses clients, Air France sera donc contrainte d'annuler la plupart des vols des pilotes grévistes. Seul un nombre très limité de vols pourra être reporté. La compagnie mettra tout en œuvre pour informer ses passagers par téléphone, internet et SMS dès 24 heures avant le départ de chaque vol concerné, lorsqu'elle disposera des informations sur le nombre de grévistes. Selon le communiqué de la compagnie de l’alliance SkyTeam qui n’accepte pas la prise en otage de ses clients, « le syndicat non représentatif des pilotes d'Air France émet des revendications qui s'adressent aux pouvoirs publics et ne concernent pas spécifiquement Air France » : si le mouvement « a vocation à impacter toutes les compagnies aériennes, il pénalisera prioritairement le Groupe Air France, premier employeur de pilotes de ligne français », et à ce titre constitue pour tous les salariés d'Air France une véritable menace. air-journal_A380 stopLe PDG d’Air France Frédéric Gagey a publié une lettre ouverte à Yves Deshayes, président du SNPL, dans laquelle il rappelle notamment que ce mouvement intervient « à un moment crucial du redressement d'Air France, porté par la persévérance de toutes les catégories de personnels et de leurs représentants, par une offensive commerciale et une communication renouvelées, par l’arrivée dans les jours prochains des nouveaux produits vols et par l’enthousiasme des équipes au contact des clients ». Après six années de pertes, l'objectif d'un résultat d'exploitation positif est en vue pour 2014 pour la compagnie, et « il paraît inconcevable qu'une grève, dont les motifs n'ont rien à voir avec Air France, puisse enrayer cet élan », conclut Frédéric Gagey. Le président du SNPL National a de son côté expliqué au quotidien Le Figaro qu’il y aura certes « d'importants retards de deux à trois heures, mais nous sommes en capacité d'assurer tous les vols » ; l'annulation des vols « relève uniquement des décisions » prises par la trentaine de compagnies impactées par le mouvement de grève. Il rappelle aussi que les revendications des pilotes portent principalement sur l'abrogation de la loi Diard, qui impose aux grévistes de se déclarer individuellement comme tels 48 heures avant le début d'un conflit, afin de permettre aux entreprises de transport aérien d'améliorer l'information des passagers concernant les vols : cette loi permet surtout « le remplacement des grévistes par des pilotes venus d'autres pays d'Europe, ce qui porte atteinte au droit de grève », affirme Yves Deshayes. Les rencontres depuis février avec le Secrétaire d’état aux transports Frédéric Cuvillier n’ont débouché sur aucun engagement ferme, explique-t-il en rejetant l’argument du gouvernement selon qui le principe de libre circulation communautaire ne peut pas être remis en cause. Le SNPL National appelle aussi à l’ouverture de négociations sur une convention collective « pour les pilotes qui n’en bénéficient pas et peuvent donc être payés au SMIC », ainsi qu’une baisse des taxes sur le transport aérien. aj_aeroport roissy air franceLa FNAM, principale organisation professionnelle du transport aérien français, regroupant tous les acteurs de la chaîne du transport, condamne avec la plus grande fermeté ce nouvel appel à la grève. Les « motifs qui ont alimenté cet appel relèvent pour l’essentiel de la puissance publique, mais, pour autant, ce sont les entreprises qui vont supporter les conséquences économiques de ce mouvement ». Dans un environnement économique particulièrement difficile, il est d'importance de rappeler que le secteur, déjà très ébranlé par la crise et de plus en plus exposé à la concurrence internationale, pas toujours loyale, se bat pour maintenir et pérenniser l’emploi et reconquérir ses clients : comme on le sait, le pavillon français ne cesse de perdre des parts de marché, et la FNAM s’insurge fortement contre ce nouveau mouvement social qui pénalise essentiellement et une fois de plus les compagnies aériennes françaises et leurs passagers, et « elles seules alors même que, dans un contexte de concurrence exacerbée, après des années d’efforts d’adaptation, elles sont encore très fragiles en termes de compétitivité. La concurrence appréciera l’aide ainsi apportée », conclut la fédération.