Yves Deshayes, président du SNPL France ALPA, le syndicat des pilotes de ligne qui appelle à une longue grève en mai prochain, répond aujourd'hui point par point à la lettre ouverte de Frédéric Gagey, le PDG d'Air France. Si le patron déplore l'irresponsabilité des pilotes qui lancent une grève à un moment où la compagnie nationale est en plein redressement, le syndicaliste estime que "les pilotes d'Air France et le SNPL France ALPA n'ont aucune leçon à recevoir... Les pilotes ont largement participé au redressement des comptes de l'entreprise par le blocage de leur salaire, de leurs avancements et l'augmentation de leur productivité. Le SNPL Air France ALPA a été le premier syndicat à signer l'accord Transform 2015, le premier à signer l 'accord bases province même si les effotis fournis sur ce dernier point ont été annihilés par l'inconséquent passage en force de l'entreprise concernant les PNC. Passage en force qui va coûter des millions à Air France, comme les amendes cargos lui ont coûté des centaines de millions. Il conviendrait de balayer devant votre porte avant de stigmatiser les pilotes de ligne". Le président du SNPL France ALPA revient sur la principale revendication des pilotes qui demandent l’abrogation de la loi Diard, laquelle impose aux grévistes de se déclarer individuellement comme tels 48 heures avant le début d’un conflit : "si nous sommes soucieux comme vous de l'information de nos clients lors d'un conflit social, nous ne pouvons accepter que les compagnies utilisent cette loi pour remplacer les salariés grévistes par des salariés basés dans d'autres pays et porter ainsi atteinte au droit constitutionnel qu'est le droit de grève. Sur ce point, Monsieur le Président, le Groupe Air France est loin de tout reproche, il a même été un pionnier en la matière en remplaçant les pilotes de Cityjet (alors filiale à 100 % d'Air France) par des pilotes de la base de Dublin lors des derniers conflits sociaux. Vous nous jurez la main sur le cœur que cette problématique ne concerne pas les pilotes d 'Air France mais au vu de ce précédent, nous sommes certains que vous n'hésiterez pas à user des même méthodes à Air France lorsque vous en aurez l'occasion". Le syndicaliste termine sur un ton déterminé, tout en laissant la porte ouverte à de possibles négociations, des réponses de la part de l'Etat français : "nous aurions préféré aborder ces sujets avec vous pendant les trois mois de notre préavis. Aujourd'hui, le conflit approche et nous ne nous laisserons pas distraire par des polémiques stériles et par une guerre de communiqués. Nous préférons occuper le temps précieux disponible jusqu'au conflit à travailler pour obtenir des réponses à nos demandes". 72 % de pilotes d'Air France ont soutenu le SNPL France ALPA lors des dernières élections professionnelles.