La compagnie aérienne Air France a décidé de déposer un recours en nullité suite au rapport de contre-expertise sur le crash du vol AF447 entre Rio de Janeiro et Paris, dont le syndicat de pilotes SNPL condamne les conclusions « partielles et partiales ». Cinq ans après l’accident de juin 2009 qui avait fait 228 morts, un rapport de contre-expertise demandé par Airbus a été remis mardi aux parties civiles, accusant globalement les pilotes d’être les principaux responsables du crash tout en soulignant les insuffisances de la compagnie nationale française. Air France a décidé le 14 mai 2014 de contre-attaquer, annonçant le dépôt d’un recours en nullité devant la Chambre de l'Instruction de la Cour d'Appel de Paris. Elle déclare avoir constaté que « cette contre-expertise a été conduite de manière unilatérale et non contradictoire, en violation du principe même du procès équitable, la compagnie n'ayant pas, quant à elle, été invitée à participer aux travaux des experts ». Et les éléments de ce rapport, qui omet tout ce qui concernait l’avion, « font une présentation partiale et tronquée des causes de l'accident qui porte atteinte aux droits fondamentaux de la défense ». Même sentiment du côté du syndicat de pilotes SNPL Air France ALPA, partie civile dans l’instruction : il « condamne les conclusions partielles et partiales du rapport de contre-expertise judiciaire demandé par Airbus », ayant constaté qu’il « répond aux questions posées sous l’angle exclusif du rôle tenu par l’équipage ». Le SNPL explique que dans la liste des facteurs contributifs sont exclues toutes les autres causes dont certaines sont pourtant présentes dans les rapports précédents, celui des premiers experts judiciaires et celui du BEA, à savoir le rôle de l’EASA en tant qu’autorité de certification des tubes Pitot ; le rôle du constructeur Airbus dans la conception des systèmes de l’avion ; et le rôle de la DGAC devant l’absence de prise en compte des nombreux évènements précurseurs. « Chacun pouvait prendre des mesures qui auraient permis d’éviter l’accident. Ce rapport omet opportunément de le rappeler », poursuit le syndicat. En se focalisant de la sorte sur le rôle de l’équipage et en niant tout élément de contexte, il « constitue un retour à la préhistoire de l’analyse des accidents aériens dans lequel les pilotes disparus ont systématiquement à en endosser l’entière responsabilité ». Jean-Louis Barber, président du SNPL Air France ALPA, a déclaré : « nous dénonçons avec force cette méthode et considérons ce rapport comme partiel et partial ». D’après le rapport remis aux parties civiles mardi, dans le cadre de l’instruction judiciaire pour homicide involontaire menée contre Airbus et Air France, les cinq experts ont conclu que l’équipage porte l’essentiel des responsabilités : « l’accident est dû à la perte de contrôle de l’avion suite à la réaction inappropriée de l’équipage après la perte momentanée des indications de vitesse », les investigations ayant « clairement établi la prédominance des facteurs humains dans les causes de l’accident. Nous avons aussi déterminé que l’accident aurait pu être évité, et ceci par quelques actions appropriées de l’équipage ». Les experts n’ont toutefois pas épargné Air France, coupable d’un « retour d’expérience insuffisant » après des incidents similaires sur des sondes et d’une formation des pilotes elle aussi insuffisante pour gérer des informations de vitesse douteuses. Rappelons que le BEA avait de son côté présenté des conclusions plus nuancées, décrivant un enchainement de circonstances (givrage des sondes Pitot de l’A330-200, désactivation du pilote automatique, mauvaise manœuvre des pilotes entrainant un décrochage qu’ils ne reconnaissent pas) dans lequel chaque partie avait des responsabilités.