La compagnie aérienne low cost easyJet comparait ce jeudi à Bobigny accusée de discrimination en raison d’un handicap, suite à son refus en 2009 d’embarquer une passagère en fauteuil roulant qui se rendait sans accompagnateur au Portugal pour assister aux obsèques de son fils. Le procès devant le tribunal correctionnel de Bobigny oppose ce 19 juin 2014 la spécialiste britannique du vol pas cher à Christelle Cejuela, hémiplégique et qui n’avait pu embarquer le 11 octobre 2009 à l’aéroport de Paris-CDG pour raisons de sécurité : elle voyageait seule. Ayant dû acheter un billet sur une autre compagnie, elle avait porté plainte contre easyJet et Europe Handling (qui sous-traite l’enregistrement et m’embarquement, et sera également en procès ce jeudi). Les avocats de la low cost soulignent que Mme Cejuela n’avait « pas déclaré précisément sa situation » en réservant son billet, ce qui aurait permis à la compagnie de lui trouver un accompagnateur sans frais. Et ils rejettent la responsabilité de l’incident sur Europe Handling, qui aurait pris la décision de refuser l’embarquement « sans prévenir la direction opérationnelle ». EasyJet assure transporter chaque jour plus de 1000 passagers handicapés sans problème. Mais elle a déjà été condamnée en appel pour un incident similaire, devant payer 50 000 euros d’amende, plus 5000 euros de dommages et intérêts à Marie-Patricia Hoarau (débarquée d’un vol Paris – Nice en avril 2010 après avoir fait le trajet inverse sans problème) et 1 euro pour l'Association des paralysés de France (APF), qui s’était portée partie civile dans l’affaire. Dans les deux cas, la low cost avance l’argument de la sécurité et la réglementation européenne en vigueur depuis 2006, qui stipule que tout passager incapable de se déplacer par ses propres moyens doit voyager accompagné. EasyJet met l’accent sur les problèmes d'évacuation rapide en cas de pépin si la personne n'est pas accompagnée (la règle prévoit en effet une évacuation en 90 secondes). Son site internet précise en outre que « si vous avez besoin d’assistance à l’aéroport en raison de handicaps ou pour des conditions médicales, veuillez nous en informer au moins 48 heures avant l’heure de décollage prévue de votre vol. Cela nous permet de vérifier que nous disposerons de l’équipement approprié et des ressources en place pour vous lorsque vous arriverez à l’aéroport ». EasyJet précise tout aussi clairement que « si vous n'avez pas de compagnon de voyage et notre personnel pense que vous en avez besoin, ils feront de leur mieux pour vous en trouver un parmi les autres passagers qui sera prêt à assumer ce rôle en cas d'urgence. Si nous ne pouvons pas trouver de volontaire, il est possible qu'on vous refuse l'embarquement pour des raisons de sécurité ». L'APF de son côté tient à rappeler que la réglementation européenne de 2006 « interdit aux compagnies aériennes et aux voyagistes de refuser une réservation ou un embarquement en raison d’un handicap ou d’un problème de mobilité pour les vols décollant des aéroports de l’Union Européenne (article 3), et impose aux gestionnaires des aéroports une obligation d’assistance pour que les passagers puissent accéder à leur siège (annexe 1 art 8 du règlement), ainsi qu’une assistance pour se rendre aux toilettes sur demande (annexe II art 10 du règlement) ».

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