La compagnie aérienne low cost easyJet a été condamnée hier pour discrimination à une amende de 60 000 euros, suite à son refus en 2009 d’embarquer une passagère en fauteuil roulant qui se rendait sans accompagnateur au Portugal pour assister aux obsèques de son fils. Le tribunal correctionnel de Bobigny a sans surprise condamné la spécialiste britannique du vol pas cher le 3 juillet 2014, l’amende étant supérieure au montant requis par le parquet, et a aussi infligé une amende de 30 000 euros à la société Europe Handling qui sous-traite les embarquements et débarquements d’easyJet à l’aéroport de Paris-CDG. La plaignante, qui n’avait pas pu embarquer à Roissy le 11 octobre 2009 pour « raisons de sécurité » (elle voyageait seule), avait porté plainte pour discrimination après avoir été contrainte d’acheter  un billet sur une autre compagnie. Ses avocats ont soutenu qu’elle avait prévenu easyJet la veille de son départ, la low cost affirmant qu’elle pourrait « exceptionnellement » voyager seule. La partie adverse avait de son côté plaidé que la femme n’avait « pas déclaré précisément sa situation » en réservant son billet (obligation de la faire 48 heures avant le départ), ce qui aurait permis à la compagnie de lui trouver un accompagnateur sans frais. Et avait rejeté la responsabilité de l’incident sur Europe Handling, qui aurait pris la décision de refuser l’embarquement « sans prévenir la direction opérationnelle ». Le représentant du Défenseur des droits a salué cette « nouvelle condamnation pour discrimination et politique discriminatoire », en référence à une précédente condamnation d’easyJet en appel pour un cas similaire entre Paris et Nice en 2010, et à une autre en 2013 pour trois incidents en 2008 et 2009. La compagnie, qui assure transporter chaque jour plus de 1000 passagers handicapés sans problème, avançait dans les deux cas l’argument de la sécurité et la réglementation européenne en vigueur depuis 2006, qui stipule que tout passager incapable de se déplacer par ses propres moyens doit voyager accompagné. Elle met l’accent sur les problèmes d'évacuation rapide en cas de pépin si la personne n'est pas accompagnée (la règle prévoit en effet une évacuation en 90 secondes). Outre l’obligation de prévenir 48 heures avant le départ, son site internet précise que « si vous n'avez pas de compagnon de voyage et notre personnel pense que vous en avez besoin, ils feront de leur mieux pour vous en trouver un parmi les autres passagers qui sera prêt à assumer ce rôle en cas d'urgence. Si nous ne pouvons pas trouver de volontaire, il est possible qu'on vous refuse l'embarquement pour des raisons de sécurité ». L'Association des Paralysés de France de son côté tient à rappeler que la réglementation européenne de 2006 « interdit aux compagnies aériennes et aux voyagistes de refuser une réservation ou un embarquement en raison d’un handicap ou d’un problème de mobilité pour les vols décollant des aéroports de l’Union Européenne (article 3), et impose aux gestionnaires des aéroports une obligation d’assistance pour que les passagers puissent accéder à leur siège (annexe 1 art 8 du règlement), ainsi qu’une assistance pour se rendre aux toilettes sur demande (annexe II art 10 du règlement) ».