Washington est persuadé qu’un missile sol-air d’origine inconnue a abattu le Boeing 777-200ER de Malaysia Airlines au-dessus de l’Ukraine jeudi, le bilan faisant désormais état de 298 victimes - 283 passagers dont 154 néerlandais et 15 membres d’équipages malaisiens. Alors que gouvernement ukrainien et séparatistes pro-russes s’accusent mutuellement d’être responsables du crash du vol MH17 le 17 juillet 2014 dans l’est de l’Ukraine, la compagnie aérienne nationale de Malaisie a publié une nouvelle liste des nationalités présentes à bord de l’avion, qui retournait de l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol vers sa base de Kuala Lumpur. Il y a une heure, elle déterminait que les victimes comprenaient 154 Néerlandais, 43 Malaisiens (dont les membres d’équipage), 27 Australiens, 12 Indonésiens, 9 Britanniques, 4 Belges, 4 Allemands, 3 Philippins et 1 Canadien. 41 personnes restaient non-identifiées vendredi matin, François Hollande annonçant cette nuit au conditionnel que « plusieurs Français auraient pu se trouver à bord ». Malaysia Airlines a commencé dès hier à contacter les familles de victimes, tandis que la Malaisie envoyait à Kiev un vol spécial avec des équipes de secours et de spécialistes d’intervention en zone de désastre. Les débris du 777 sont éparpillés sur une zone d’un diamètre de 15 kilomètres près de la ville de Chakhtarsk dans l’est de l’Ukraine, dans une zone sous contrôle des séparatistes. Ces derniers auraient récupéré les enregistreurs de vol de l’avion, déclenchant immédiatement des appels de nombreux gouvernements à sécuriser la zone afin de permettre une enquête fiable et à livrer les boîtes noires à des autorités compétentes. Le président ukrainien a accepté l’offre immédiate d’aide des USA, et l’ONU réunira le Conseil de Sécurité ce vendredi pour faire le point sur la situation. Il n’y a eu ni appel de détresse ni problème technique rapporté par l’équipage, rendant plus que probable la destruction de l’appareil par un missile (la piste d’une bombe à bord ne pouvant être a priori écartée). Eurocontrol a précisé hier que l’avion de Malaysia Airlines volait à une altitude de 33 000 pieds (10 000 mètres), soit 1000 pieds au-dessus de l’espace aérien interdit aux avions civils par l’Ukraine. L’accès à l’espace aérien dans l’est de l’Ukraine est désormais interdit à tous les vols commerciaux. Les Pays-Bas sont bien sûr sous le choc, le roi Willem-Alexander se déclarant « profondément attristé par cette horrible nouvelle » et ajoutant que ses pensées « vers les familles, amis et collègues des victimes, tout comme vers ceux qui ne savent pas encore si un de leurs proches se trouvait à bord de l'appareil ». La catastrophe d’hier est la deuxième plus meurtrière de l’histoire pour des passagers néerlandais, après celle de Ténériffe en 1977 qui avait fait 283 morts dans un 747 de KLM parmi les 583 victimes de la collision avec le 747 de Pan Am (61 personnes avaient survécu). La compagnie aérienne néerlandaise, qui partage son code sur le vol MH17, s’est jointe au concert de condoléances. Sans apparemment le moindre pensée pour les victimes, l’Ukraine et les séparatistes se sont immédiatement lancé dans le jeu du « c’est pas moi c’est l'autre ». Les experts militaires s’affrontent déjà sur la capacité des missiles dont sont équipés les séparatistes à toucher un avion à si haute altitude, d’autres rappellent que le vol MH17 aurait pu être détruit par un missile tiré par erreur par les forces ukrainiennes (comme dans le cas du USS Vincennes avec Iran Air). Le vice-président américain Joe Biden a assuré qu’il ne s’agissait pas d’un accident ; une source anonyme affirme que le renseignement américain « croit fortement » à la thèse du missile tiré soit par les forces ukrainiennes, soit par les séparatistes, soit par des soldats russes de l’autre côté de la frontière. Le président ukrainien avait laissé entendre la même chose, parlant de « troisième cas tragique après les avions Antonov An-26 et Sukhoi Su-25 des forces armées ukrainiennes abattus depuis le territoire de la Russie ». Du coup le président russe a accusé l’Ukraine de « porter la responsabilité de cette tragédie », qui n’aurait pu avoir lieu si la paix régnait dans le pays…