Les autorités ukrainiennes ont annoncé hier que les boîtes noires avaient confirmé que le Boeing 777-200ER de la compagnie aérienne Malaysia Airlines avait explosé en vol suite aux dégâts causés par un missile, les enquêteurs néerlandais restant silencieux sur la question. La thèse d’un missile sol-air ayant abattu le vol MH17, qui reliait le 17 juillet 2014 Amsterdam à Kuala Lumpur et s’était écrasé dans l’est de l’Ukraine dans une zone contrôlée par les séparatistes pro-russes, tuant les 298 personnes à bord, avait été annoncée dès le lendemain du crash par les Etats-Unis. Hier, c’est un porte-parole du Conseil national de sécurité et de défense ukrainien qui a confirmé la nouvelle lors d’une conférence de presse : selon lui, les premières analyses des enregistreurs de vol par l’AAIB britannique montrent que la chute de l’avion a été causée par une « décompression explosive massive » suite à de nombreuses « perforations venues de l’explosion d’un missile » à proximité de l’appareil. Ce qui confirmerait l’analyse d’experts militaires, selon lesquels des photos prises sur le site du crash montraient clairement les impacts de shrapnel. La commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Navi Pillay a par ailleurs déclaré hier que la destruction du vol MH17 « pourrait constituer un crime de guerre ». L’OVV néerlandais chargé de l’enquête a refusé de commenter les révélations du gouvernement ukrainien, sa porte-parole Sara Vernooij préférant « attendre d'avoir une idée plus complète de ce qui s'est passé, plutôt que publier des fragments d'information ici et là ». L’équivalent hollandais du BEA français doit analyser les données des deux enregistreurs de vol (données et conversations du cockpit), des données récupérées en Grande Bretagne par l’AAIB. Mais seule la présence d’explosifs sur les débris de l’appareil pourra confirmer qu’il s’agissait bien d’un missile et de quel type il est, les données des boîtes noires ne pouvant de toute façon pas dire qui a tiré le missile en question. Un total de 228 cercueils est arrivé aux Pays-Bas depuis le crash, la police néerlandaise confirmant toutefois que tous ne contenaient pas des corps – le chef Gerard Bouman parlant de « fragments humains petits et grands, certains brûlés » parmi les restes qui ont été remis aux enquêteurs. Et il a souligné devant le parlement qu’il n’y avait aucune certitude que tous les corps et leurs effets personnels seront retrouvés. Au moins 71 corps n’auraient toujours pas été retrouvés. La tâche des enquêteurs sur le terrain est d’autant plus difficile que les combats ont repris de plus belle entre forces ukrainiennes et séparatistes, y compris dans des zones où se trouvent des débris du Boeing de Malaysia Airlines. La mission de l’OSCE parlait lundi de « tirs d’artillerie à proximité » de la zone vers laquelle se dirigeaient les experts, forçant son chef à « décider de rebrousser chemin ». Les séparatistes ont confirmé avoir perdu plusieurs villes et villages dans la zone du crash. Quant à la compagnie nationale malaisienne, elle envisagerait désormais de changer de nom, celui de Malaysia Airlines étant désormais associé à deux catastrophes aériennes cette année : le vol MH17 en Ukraine donc, et celle en mars dernier le vol MH370 qui avait disparu entre Kuala Lumpur et Pékin avec 239 personnes à bord, l’épave du 777-200ER n’ayant toujours pas été localisée dans l’Océan indien où se concentrent les recherches. Le changement de nom n’est qu’une des options envisagées alors que son pronostic de survie semble engagé, la recherche de nouveaux actionnaires, la faillite, la restructuration, la privatisation ou une nationalisation totale (l’état contrôle la majorité de son capital) étant d’autres scénarios possibles.