Le survol de l’Irak n’est plus d’actualité pour les compagnies aériennes Air France-KLM, Emirates Airlines, Virgin Atlantic ou LOT Polish Airlines entre autres, de crainte qu’un missile sol-air ne réserve à leurs avions le même sort qu’au vol MH17. Mais d’autres compagnies assument le choix contraire. Le crash dans l’est de l’Ukraine du Boeing 777-200ER de Malaysia Airlines, qui a entrainé la mort des 298 personnes à bord la semaine dernière dans une zone contrôlée par les séparatistes pro-russes, a des conséquences concrètes sur le trafic aérien. Emirates Airlines avait été la première le 28 juillet 2014 à annoncer que ses plans de vol allaient éviter le survol de tout l’Irak, où les services de renseignements ignorent si les jihadistes de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL) possèdent ou non des missiles capables d’abattre des avions de ligne à haute altitude. Air France-KLM a confirmé mardi que c’était aussi son cas « depuis vendredi dernier » car « la sécurité de nos passagers et de nos équipages est notre priorité ». Une mesure prise aussi par LOT Polish Airlines, Virgin Atlantic ou Air Berlin. Jusqu’au crash du vol MH17, seules certaines zones de l’Irak étaient évitées par les compagnies aériennes, tout comme le survol des zones de combats dans l’est de l’Ukraine restait possible au-dessus de 32 000 pieds. Et encore une fois, les compagnies aériennes agissent en ordre dispersé : parmi celles desservant des aéroports irakiens, Lufthansa a déclaré qu’elle maintenait les plans de vol habituels au-dessus du pays tout en évitant certaines zones de combats, et Etihad Airways fait de même « puisqu’il n’y a aucune preuve que les combattants des deux côtés du conflit ont l’intention de s’en prendre aux avions civils ». Les médias australiens affirment de leur côté que Qantas n’a en rien modifié ses trajectoires. La réunion convoquée par l’ICAO la semaine prochaine à Montréal risque donc de mettre ces discordantes au grand jour, même si l’objectif officiel est d’arriver à ce que tous les transporteurs disposent des mêmes informations sur les zones de guerre afin d’assurer au mieux la sécurité des vols. Ce manque d’information était particulièrement notable dans le NOTAM (notice to airmen) émis le 14 juillet par l’Ukraine, soit trois jours avant le crash de Malaysia Airlines alors que l’avion volait à 33 000 pieds : le bulletin restreignait le survol de l’est de l’Ukraine jusqu'à 32 000 pieds au lieu de 26 000 auparavant, mais ne mentionnait ni les combats au sol ni le fait qu’un avion militaire ukrainien avait été abattu le jour même alors qu’il volait à 21 000 pieds. La presse américaine a comparé cette absence de détails avec une NOTAM émises en novembre par les USA pour les vols au-dessus de la Syrie, qui mentionnait explicitement la présence de missiles sol-air et de troupes à proximité des pistes. Le ministre ukrainien Volodymyr Hroisman a réagi en expliquant que « les commentaires d’experts n’ont rien à voir avec la réalité » et que l’aviation civile avait agi « en fonction de ses devoirs et de ses capacités ».