Suite aux sanctions imposées par l’Europe et les Etats-Unis pour son implication dans le conflit en Ukraine, la Russie étudie des mesures de rétorsion parmi lesquelles une limitation, voire une interdiction du survol de la Sibérie par les compagnies aériennes européennes. Le quotidien économique Vedomosti écrit dans son édition du 5 août 2014 que les ministères russes des Transports et des Affaires étrangères songent à utiliser l’arme des couloirs aériens de la Sibérie, essentiels pour les liaisons entre l’Europe et l’Asie, en rétorsion aux sanctions occidentales qui ont ente autres cloué au sol la low cost Dobrolet, filiale d’Aeroflot. Pas de commentaire officiel sur cette information, mais le Premier ministre Dimitri Medvedev a déclaré hier que la Russie « a besoin de discuter des réponses possibles », justement après une réunion avec le ministre des Transports et le vice-président de la compagnie nationale. Le président Poutine précise que toute sanction contre l’occident devra être « prise avec prudence pour soutenir les producteurs russes sans toucher les consommateurs ». Le survol de la Sibérie rapporte chaque année à la Russie environ 300 millions de dollars, mais permet aussi aux Air France, British Airways, Lufthansa ou autres Finnair d’économiser des sommes non négligeables en carburant dans leurs vols vers les aéroports asiatiques : le quotidien estime qu’une interdiction totale de survol leur coûterait un milliard d’euros en trois mois. Mais Aeroflot serait également affectée par la mesure, puis que 170 millions de dollars lui sont versés chaque année au nom des droits de survol. Une interdiction pourrait également entrainer une escalade, avec par exemple l’interdiction de l’espace aérien européen aux transporteurs russes; et un coup-pour-coup similaire en cas de fermeture de l’espace aérien sibérien aux compagnies d’Amérique du nord aurait les mêmes effets dans les deux camps. In fine, les vainqueurs d’une telle bataille Russie-Occident seraient en partie les compagnies aériennes asiatiques, mais aussi celles du Golfe Persique. L’arme du survol de la Sibérie avait déjà été brandie par la Russie en 2012, lors de la tentative de l’Europe d’imposer l’ETS, une « taxe carbone » obligeant chaque compagnie utilisant son espace aérien à racheter une partie de ses émissions en Co2. Cette taxe a été réactivée en avril dernier, mais ne concerne plus que les vols intra-européens...