La compagnie aérienne Tunisair a fait voler mercredi dernier six équipages entièrement féminins pour célébrer la journée nationale de la Femme, mais ses équipes au sol ont déclenché hier une grève sauvage à l’aéroport de Djerba, semant le chaos avant l’interruption du mouvement dans l’après-midi. Désormais dirigée par une femme, Mme Saloua Sghir, la compagnie nationale de Tunisie a annoncé que six rotations du 13 août 2014 avaient été opérés uniquement par des femmes : une commandante de bord, une copilote, une chef de cabine et cinq hôtesses. Sur les six vols concernés, trois reliaient l’aéroport de Tunis-Carthage à Paris et les autres la capitale tunisienne à Bruxelles, Francfort et Rome. Lors des célébrations de la journée de la Femme mercredi, le président de la République tunisienne Moncef Marzouki a rappelé que ce jour était aussi celui de l’entrée en vigueur du Code du Statut Personnel, un « document national résultant de longues luttes » auquel personne ne touchera « à moins de lui passer sur le corps ». Il a cependant reconnu qu’un « long chemin attend la Tunisie pour que la femme puisse bénéficier de tous ces droits », et regretté « les violences faites aux femmes et la pauvreté qui les touche ». Dès le lendemain, Tunisair était dans les médias pour une raison nettement moins positive : les agents de Tunisair Handling se sont déclarés brusquement en grève pour trois jours à l’aéroport de Djerba-Zarzis, revendiquant la régularisation de leur situation et le non-respect par les autorités de tutelle des accords signés. Une paralysie partielle a vite gagné l’aéroport, seuls quelques vols réussissant à décoller dans la matinée tandis que des centaines de passagers se trouvaient bloqués. Outre des délais très importants, Tunisair et Tunisair Express ont réorganisé des départs de Sfax ou Gabès, tandis que les vols de Transavia vers Paris, Jetairfly vers Bruxelles ou Air Malta vers Malte affichaient des retards pouvant atteindre cinq heures. Une réunion entre le syndicat UGTT et une délégation du ministère des transports a finalement abouti à la suspension de la grève, initialement prévue en juin dernier mais reportée après l’ouverture de négociations.