Au douzième jour de la grève des pilotes la plus longue de l'histoire d'Air France, les négociations entre syndicats et direction s'enlisent autour du statut des pilotes de la filiale low cost Transavia France. Les grévistes, qui ont obtenu le retrait du projet européen de Transavia Europe, réclament un statut unique pour tous les pilotes nagiguant au sein du groupe Air France-KLM, y compris pour ceux de la filiale low cost françasie Transavia France. "Aucun pilote d’Air France n’acceptera de partir chez Transavia si on lui impose la conclusion d’un nouveau contrat de travail Transavia", martèle le SNPL, premier syndicat de pilotes chez Air France. La direction entend, elle, développer Transavia France comme une compagnie low cost avec un personnel navigant doté d'un statut moins coûteux. Pour rappel, le statut des pilotes d'Air France leur confère notamment des temps de récupération plus longs et une charge de travail moins élevée (600 h de vol en moyenne contre 700 à 800 h) que les personnels naviguant dans les compagnies à bas coûts. Mais pour la direction, il est impossible de développer une compagnie low cost comme Transavia France en conserveant les conditions de travail des compagnies aériennes traditionnelles comme celles d'Air France. Le préavis de grève reconductible du SNPL court jusqu'à mardi 30 septembre inclus. Le Spaf, deuxième syndicat de pilotes, s'est aligné également sur cette date, accusant la direction d'être "responsable du pourrissement de la situation" en laissant croire que "le retrait de Transavia Europe supprime le motif de cet arrêt de travail et qu'il y a surenchère de la part des syndicats de pilotes". Comme 69% des Français qui pensent que ce mouvement est injustifié d'après un sondage Tilder-LCI-OpinionWay, la Fnam (Fédération nationale de l’aviation marchande), qui rassemble les principaux acteurs du transport aériens français, estime que "la poursuite du conflit n’a plus lieu d’être. elle est incompréhensible, elle compromet le redressement d’Air France et le développement du transport aérien français". "Cette grève est catastrophique pour le secteur aérien français. Dans un contexte économique plus que morose, elle compromet un avenir déjà gravement menacé impactant essentiellement les passagers, les agences de voyages, les tour-opérateurs, les aéroports français, le tissus économique des territoires, alors que le secteur compte, par ailleurs, plus d’un millier de jeunes pilotes en recherche d’emploi", met en garde la Fnam dans une lettre co-signée par les patrons du SETO (Syndicat des entreprises de tours opérateurs), du SNAV (Syndicat des agents de voyage), de l’UAF (Union des Aéroports de France), de la CSAE (Chambre Syndicale des assistants en escale) et d'Aéroports de Paris (ADP). En revanche, les pilotes grévistes ont reçu le soutien corporatiste de leurs confrères de l'alliance Skyteam, qui représente plus de 20 compagnies aériennes dont Air France. Dans une déclaration émise depuis Chicago, les pilotes de Skyteam "blâment l'intransigeance de la direction d'Air France qui a conduit à un durcissement du conflit et qui a un coût sur l'ensemble des partenaires de l'alliance Skyteam. Ils manifestent un soutien indéfectible à l'égard des pilotes français." En attendant une sortie de crise, la grève se poursuit ce week-end : pour la journée du samedi 27 septembre 2014, Air France prévoit d’assurer plus de la moitié de son programme de vols compte tenu d’un taux de pilotes grévistes estimé à 57% pour cette journée.