"Tout ça pour ça... " s'étonne un chroniqueur sur France Info à l'annonce de la fin de la grève des pilotes la plus longue qu'ait connue Air France. Quatorze jours de grève qui ont cloué au sol la moitié de sa flotte et coûté à la compagnie aérienne entre 15 et 20 millions d'euros par jour à cause des vols annulés, soit une perte estimée jusqu'à 280 millions d'euros - le prix catalogue de trois Boeing B737. A ces 280 millions d'euros, s'ajouteront les dédommagements des passagers et des voyagistes. Air France, qui comptait atteindre l'équilibre en 2014 après avoir mis en place ces dernières années les plans de restructuration Transform 2012 et 2015, n'atteindra pas cet objectif. Son nouveau plan Perform 2020, basé sur le développement de l'activité low cost en Europe, est désormais caduc avec le retrait du projet Transavia Europe. Retour à la case départ donc... Autre coût désastreux mais non calculable, l'image négative de la compagnie aérienne auprès du public et des voyageurs laissés en rade pendant quatorze jours. Les séquelles humaines en interne sont tout aussi incalculables : en défendant uniquement leurs intérêts, les pilotes d'Air France se sont mis à dos les autres catégories de salariés, les hôtesses et stewards, les personnels au sol et aussi les pilotes des deux filiales, HOP! et Transavia France. Si les grévistes ont obtenu le retrait du projet Transavia Europe, la direction leur refuse la mise en place d'un contrat unique pour tous les pilotes du groupe et compte poursuivre le développement accéléré de la low cost Transavia France. La fin de la grève n'a apporté aucun accord entre les deux parties. Rien n'est réglé ! Là aussi, retour à la case départ... Qui blâmer entre des pilotes corporatistes jusqu'au-boutistes et une direction maladroite dans le dialogue social ? peu important, le mal est déjà fait... Une certitude : l'avenir du court et moyen-courrier d'Air France passera par le développement de l'activité low cost, sans quoi la compagnie britannique easyJet deviendra un jour la première compagnie aérienne en France. Espérons que pilotes et direction parviendront, ensemble, à sortir de cette crise et à épargner aux passagers une énième longue grève. air-journal dessin greve pilotes AF