A peine la grève de quatorze jours menée par les pilotes de la compagnie aérienne Air France terminée, un nouveau conflit est apparu sur le paiement des jours non travaillés, deux syndicats estimant que seul le jour de grève déclaré doit être pris en compte dans les réductions de salaires même si le pilote n’a de fait pas pu travailler les jours suivants. Alors qu’un programme de vol normal est annoncé pour ce 1er octobre 2014, une nouvelle guéguerre oppose le syndicat majoritaire SNPL France ALPA et Alter (non représentatif, en grève jusqu'à demain) à la direction de la compagnie nationale française : ils accusent Air France de retirer aux pilotes grévistes trop de jours de salaire (leur part fixe) par rapport au nombre de jours de grève déclarés. Le SNPL aurait en effet conseillé à ses adhérents l’astuce suivante, particulièrement efficace pour les vols long-courriers : exemple entendu sur Europe 1 hier, celui d’un pilote qui doit faire pendant cinq jours des voyages allers et retours entre les aéroports de Paris et Tokyo. Le gréviste « se déclare en grève seulement pour le premier jour, son vol ne décolle donc pas, et comme l’avion n’est pas parti à Tokyo, il ne peut pas en revenir le lendemain. Le planning est ainsi perturbé jusqu’à la fin de la semaine. Le pilote, lui, n’a été officiellement en grève que le premier jour ; il va par conséquent demander à l’entreprise de le payer pour les jours suivants, même s’il n’a pas volé de la semaine ». La « plupart » des pilotes seraient concernés par ce conflit selon le SNPL, qui réfutait hier tout consigne donnée aux pilotes pour adopter cette astuce, mais aussi toute demande de se faire payer des jours de grève : « nous demandons simplement l’application de la loi », en référence à la loi Diard qui oblige les acteurs du transport aérien à se déclarer en grève 48 heures à l’avance et pour une durée déterminée. Pas de jeux de mots en revanche chez Alter, qui confirme la manœuvre et dont un représentant expliquait dans Sud Ouest que le pilote en grève une journée, et officiellement au chômage technique les jours suivants, se tenait « à la disposition d’Air France » et devait donc être payé – même si la compagnie ne lui a pas proposé de vol, et s’il « ne sait pas s’il aurait accepté » ces vols de substitution… Les modalités de la loi Diard sont au cœur du problème, Air France affirmant qu’il est impossible de « couper une rotation entre le premier jour et les jours suivants » : si le pilote ne s’est déclaré en grève qu’un seul jour mais n’a de fait pas pu travailler les jours suivants, ce sont donc des absences injustifiées qui sont comptabilisées – avec la même sanction financière que pour la grève. Les deux syndicats menacent de porter l’affaire devant les tribunaux. Quant à Air France-KLM, son PDG Alexandre de Juniac a de nouveau expliqué que le retrait du projet de low cost paneuropéenne Transavia Europe, concédé aux grévistes, « affaiblit le projet stratégique » du groupe franco-néerlandais. Interrogé à l’Assemblée nationale, il a déclaré que ce projet « sera rediscuté en temps utile, une fois que les choses seront revenues à la normale ». Une pleine page de publicité intitulée « bienvenue de nouveau sur nos lignes » a été publiée hier dans les grands quotidiens par Air France, qui présente ses « sincères excuses à toutes celles et ceux qui directement ou indirectement ont été pénalisés par ce conflit : voyageurs, entreprises, partenaires, professionnels du tourisme ». Les passagers peuvent se demander pour combien de temps.