La compagnie tunisienne Syphax Airlines a annoncé la suspension de sa route entre Tunis et Montréal, la réouverture étant prévue au printemps 2015. Selon le communiqué de la compagnie aérienne publié le 8 décembre 2014, elle a « délibérément demandé » en septembre dernier à l'Office des Transports du Canada (OTC), de « suspendre provisoirement sa ligne régulière Tunis-Montréal-Tunis ». Avec pour justification « l'optimisation de l'exploitation des autres lignes commerciales », sans plus de détail. Syphax Airlines avait été forcée de réagir suite à la publication la semaine dernière par l’OTC d’une notice annonçant la suspension de la licence, qui sera automatiquement rétablie « lorsqu’un chef d’équipe de la Division des licences et des affrètements, transport aérien, sera convaincu que les conditions (…) ont été satisfaites », mais « sera automatiquement annulée si elle n’est pas rétablie dans un an à compter de la date de cette décision ». Syphax Airlines entend contrer cette menace en annonçant le redémarrage des opérations vers le Canada au printemps, toujours à bord de son Airbus A330-200 configuré pour accueillir 28 passagers en classe Affaires et 250 en Economie. Et elle rappelle que Montréal est une « destination sur laquelle la compagnie a d’ores et déjà fidélisé une clientèle aussi bien tunisienne, canadienne qu’internationale, et réalisé un taux de remplissage important dès sa première année d’exploitation ». La compagnie privée tunisienne avait inauguré en avril 2014 sa route vers l’aéroport de Montréal-Pierre Elliott Trudeau, mais avait déjà dû démentir en septembre la rumeur d’une fermeture de la ligne vers ; Syphax Airlines expliquait alors que pendant les cinq premiers mois d’exploitation elle s’était emparée de « 40% des parts de marché » sur cet axe sans concurrence directe (Royal Air Maroc dessert également Montréal depuis Casablanca). Mais elle reconnaissait aussi que sa rotation hebdomadaire ne serait plus opérée qu’en haute saison, avant d’annoncer des « pourparlers avec d’autres compagnies aériennes » en vue d’établir des accords commerciaux pour la basse saison, en particulier des partages de codes. La gestion du réseau n’est pas le seul casse-tête pour la compagnie tunisienne : elle a dû se résoudre à remplacer son PDG Christian Blanc, nommé en septembre après que son fondateur Mohamed Frikha a décidé de se présenter à l’élection présidentielle pour le parti Ennahdha. L’ancien dirigeant d’Air France a laissé sa place la semaine dernière à Mohamed Ghelala, un temps directeur commercial de Syphax Airlines et ancien directeur d’Air Burkina. Autre écueil, la décision annoncée le 18 novembre par la bourse de Tunis de suspendre sa cotation en raison « d’anomalies comptables et organisationnelles » : la compagnie n’avait pas publié ses états financiers depuis juin, ni communiqué ses statistiques sur le nombre de passagers ou de vols, le tout sur fond de rumeurs de factures impayées et de pertes colossales… Une enquête financière a été ouverte. Rappelons que Syphax Airlines envisage de lancer début 2015 une nouvelle liaison régulière vers Pékin : les régulateurs de l’aviation civile en Tunisie et en Chine ont signé fin juin un protocole d’accord permettant la création de lignes aériennes directes supplémentaires entre les deux pays, Tunisair et Syphax Airlines pouvant désormais mettre en place jusqu’à trois vols quotidiens entre Tunis et les villes de Pékin, Shanghai et Guangzhou, alors que la limite était jusque là fixée à deux – sans que personne en profite.