La compagnie aérienne Air France-KLM a étudié fin 2008 la possibilité de racheter les parts du principal actionnaire de la low cost easyJet, mais a renoncé face à la possibilité d’un sérieux conflit social. Selon l’enquête de La Tribune publiée le 16 décembre 2014, la compagnie franco-néerlandaise réfléchissait depuis avril 2008 à la possibilité d’acheter une low cost, ayant un an auparavant lancé les opérations de sa propre filiale Transavia France tout en renonçant au projet de spécialiste paneuropéenne du vol pas cher, jugé trop coûteux et trop tardif face au succès de Ryanair et easyJet. Le choix se serait alors porté sur cette dernière, et en novembre 2008 Air France-KLM avait concocté son plan. EasyJet connaissait alors une crise de gouvernance, le fondateur et actionnaire principal Stelios Haji-Ioannou (38% des parts en comptant sa famille) refusant d’en approuver les comptes alors que son titre avait dévissé de 55% pendant l’année. La Tribune rappelle le poids respectifs des deux compagnies à l’époque : 10 milliards d’euros pour le groupe, 1,5 milliard pour la low cost. Air France-KLM comptait donc proposer à l’actionnaire de reprendre l’ensemble des actions de la famille : « l’idée était de mettre sur la table près de 850 millions d'euros pour acquérir ces 38% (un montant supérieur à la valeur de la participation de la famille Haji-Ioannou), la moitié en cash, la moitié en actions Air France-KLM, correspondant à 5% du capital du groupe », expliquent les sources du journal. Mais cette idée ne remontera jamais jusqu’au conseil d’administration : l’opposition était trop forte, en particulier de la part de Pierre-Henri Gourgeon (qui prendra la tête d’Air France en janvier 2009) et de Peter Hartman, dirigeant de KLM. Selon La Tribune, les Hollandais ont fait bloc contre ce projet : en partie par peur de perdre du poids dans le groupe de l’alliance SkyTeam, en partie par prudence sur de nouveaux risques capitalistiques (KLM avait fusionné avec Air France en 2004) et sur les contreparties qui auraient été exigées par les autorités de la concurrence, mais principalement par crainte de mouvements sociaux - surtout dans l’hexagone. Stelios Haji-Ioannou n’a donc pas été contacté (rien de permet de dire qu’il aurait accepté) et le projet a été enterré. Air France-KLM a en revanche dépensé 323 millions d’euros en janvier 2009 pour prendre 25% du capital d’Alitalia. Six ans plus tard, la comparaison entre le sort de cette dernière et celui d’easyJet ne laisse aucun doute… air-journal_easyJet tail Gatwick