Douze syndicats de la compagnie aérienne TAP Portugal envisagent de se mettre en grève entre le 27 et le 30 décembre, pour protester contre leurs conditions de travail et surtout contre le processus de privatisation relancé le mois dernier. La compagnie nationale portugaise a été prévenue le 11 décembre 2014 de la possible grève entre Noël et le Jour de l’An, période pendant laquelle 130 000 sièges avaient déjà été réservés. Elle a « immédiatement suspendu les ventes de billets » entre le 27 et le 30 décembre, et autorisé les changements de réservation ainsi que les remboursements sans frais ; son site internet affirme mercredi matin que plus de 10 000 passagers ont déjà contacté la compagnie. TAP Portugal « présente ses excuses pour les inconvénients » causés par une situation « qu’elle n’est pas en mesure de régler ». Elle espère que « le bon sens prévaudra puisque son avenir repose sur les passagers », et affichera la liste des vols protégés par les obligations de service public « dès que le tribunal arbitral les aura précisés ». Les demandes des syndicats sont simples : ils exigent la suspension immédiate de la privatisation, sans quoi la compagnie de Star Alliance sera clouée au sol dans les aéroports du pays en pleines vacances de Noël. Avec à la clé une perte quotidienne de 8 millions d’euros, venant s’ajouter aux 25 millions déjà envolés pendant la série de conflits sociaux ayant affecté TAP Portugal depuis le début de l’année. Le gouvernement parle de sauver la compagnie nationale, tandis que l’opposition joue sur la perte d’un pilier de la souveraineté nationale. Rappelons que l'état a décidé en novembre de mettre sur le marché 66% du capital de TAP Portugal, tout en gardant le reste pour au moins deux ans – une privatisation par paliers donc, qui survient après l’échec de sa tentative de vendre 100% du capital. L’état réservera 5% du capital aux employés, et en conservera un tiers pendant deux ans. Les 61% restants seront proposés aux investisseurs privés, dont quatre candidats déjà déclarés : un homme d’affaires portugais, Miguel Pais do Amaral, allié à l’ancien propriétaire de Continental Airlines, le groupe espagnol Globalia (qui possède Air Europa), la compagnie brésilienne low cost Azul de David Neeleman, et le Synergy Group de German Efromovich (qui contrôle Avianca-TACA et Avianca Brazil, et dont une première tentative de racheter TAP Portugal avait échoué en 2012). La privatisation de TAP Portugal avait été exigée par l’Union européenne et le FMI en échange du plan de sauvetage de 78 milliards d’euros lancé en 2011. Elle a dégagé l’année dernière un bénéfice net de 34 millions d’euros, en hausse pour la cinquième année consécutive. Une perspective à la quelle le PDG Fernando Pinto ne croit déjà plus pour 2014.