La compagnie aérienne Darwin Airline, opérant sous la marque Etihad Regional, a annoncé une restructuration de ses activités, qui passera par la suppression de quatre routes non rentables dont celles reliant Genève à Toulouse et Nice. La compagnie suisse basée à l’aéroport de Lugano déposera d’ici la fin du mois un nouveau business plan auprès des autorités de l’aviation civile, visant à accroître son activité de contrats de services pour les autres transporteurs européens. Si elle continuera à proposer des vols réguliers, Darwin Airline explique cette décision par « le comportement agressif de Swiss et de sa maison-mère Lufthansa, et la conjoncture économique difficile en Europe », selon son directeur général Maurizio Merlo cité dans un communiqué. La compagnie attend toujours une décision des autorités sur le partage de codes envisagé début 2014 avec Etihad Airways, qui aurait « renforcé son réseau ». Un éventuel impact sur l’emploi n’est pas annoncé. Parlant de « combat qui ne peut-être gagné » contre le groupe allemand, le dirigeant explique avoir choisi « ce que toute compagnie responsable aurait fait : changer de cap ». Ces contrats de services nécessiteront des avions supplémentaires, que Darwin Airline récupèrera grâce à la suppression de quatre routes non-rentables dès le début février : celles reliant l’aéroport de Genève-Cointrin à Nice et Toulouse, et celles entre Zurich-Kloten et Lugano d’une part, et Linz d’autre part. Les passagers affectés se verront proposer des solutions alternatives, précise la compagnie. Rappelant l’investissement d’Etihad Airways à hauteur de 33,3% dans le capital de Darwin Airline début 2014, Maurizio Merlo revient dans le communiqué sur les reproches faits depuis à Lufthansa et Swiss, contre lesquelles il a déposé plainte pour concurrence illicite : arrêt par Swiss des contrats de leasing d’avions avec équipage auprès de Darwin, après dix ans d’opération sur la ligne Lugano – Zurich, et remplacement par des appareils plus gros de Tyrolean Airways (filiale d’Austrian Airlines et donc du groupe Lufthansa) ; lancement de nouvelles liaisons directement en concurrence avec Darwin ; doublement des capacité sur des routes au trafic « stagnant ou en déclin » ; guerre des prix sur les routes opérées par Darwin ; cessation des contrats d’assurance pris auprès de Lufthansa Aviation Insurance Group ; fin de l’accord interligne entre Swiss et Darwin ; et annulation du contrat permettant à Swiss de « secourir » les passagers de Darwin en cas de perturbations. Le communiqué rappelle par ailleurs la taille des combattants : d’un côté Darwin Airlines avec 20 destinations et 12 avions (464 110 passagers en 2013 sur 16 426 vols), et de l’autre le groupe Lufthansa « 220 fois plus gros en termes de passagers transportés » (105 millions en 2013 sur 1,03 millions de vols) avec une flotte combinée de 622 avions, dont 91 pour Swiss. Etihad Airways a nié hier toute possibilité d’abandonner son investissement dans Darwin Airlines, expliquant qu’une décision était attendue « dans les prochaines semaines ». Selon le PDG James Hogan, « notre engagement est toujours aussi fort et ne sera pas compromis par l’agressivité de nos concurrents ».