La nouvelle vague d’environ 800 suppressions d’emploi annoncée hier par la compagnie aérienne Air France ne touchera pas les pilotes, déjà concernés par un plan de départs volontaires ouvert l’été dernier. Une situation qui fait monter le ressentiment chez les hôtesses de l’air et stewards comme chez le personnel au sol, pour qui ce nouveau tour de vis est directement lié à la grève des pilotes pendant 15 jours en septembre dernier, au coût estimé entre 400 et 500 millions d’euros. La direction de la compagnie nationale française présentera lors d’un CCE extraordinaire le 12 février 2015 « des projets de plans de départs volontaires des personnels au sol et personnels de cabine, dont l'ampleur serait de l'ordre de 800 postes », un nombre qui concernerait selon les syndicats environ 500 employés au sol et 300 PNC. Une responsable de la CFDT déplore dans Challenges un plan « réalisé dans la précipitation et suscitant par ailleurs un vrai point de crispation entre les salariés, pas logés à la même enseigne ». Les pilotes se voient aussi reprocher de ne pas avoir atteint les gains de productivité prévus par le plan de restructuration Transform 2015. Une étude commandée par les syndicats au cabinet Secafi et détaillée dans Les Echos précise qu’au lieu des 20% attendus pour l’ensemble du personnel via des réductions de coûts comme des gains de productivité, le gain économique ne serait que de 11,8% chez les 4600 pilotes. Mais ils ne sont pas complètement seuls dans ce cas : chez les PNC, ce même gain économique ne serait que de 16,5%, et 18,4% quand leur PDV prendra fin en mars prochain. Le personnel au sol aurait de son côté atteint un gain économique de 23%, et 25% même pour le service commercial passagers, toujours selon l’étude. Le syndicat de pilotes SNPL Air France explique dans les Echos que « si certaines mesures n’ont pu être appliquées, c’est que les conditions préalables à leur application n’auraient pas été remplies par la direction », affirmant qu’un nouveau PDV « ne se justifierait pas » en raison du sous-effectif dans le long-courrier, et de la résorption en cours du sureffectif dans le moyen-courrier via le développement de la low cost Transavia France. Des affirmations en partie confirmées par la direction, pour qui le financement du départ des pilotes serait plus coûteux que le maintien du sureffectif, leurs salaires devant de toute façon être automatiquement revus à la baisse par le ralentissement de la croissance dans le long-courrier. Rappelons qu’Air France a déjà repoussé à 2017 l’arrivée dans sa flotte de trois Boeing 777 prévus d’ici l’année prochaine. air-journal_air france 777 60eEn difficulté financière, concurrencée sur le court-courrier par les low cost et sur le long-courrier par les compagnies du Golfe, Air France a déjà supprimé au total quelque 8.000 emplois (une première fois 5000 postes et une deuxième fois 3000 postes) au cours de ces trois dernières années. Elle vise un objectif de 1,3 milliard d’euros d’économies sur cinq ans, ainsi qu’un résultat d'exploitation de plus de 250 millions d'euros en 2015 et de plus de 700 millions en 2017 pour la compagnie nationale et ses filiales françaises HOP!, Transavia, Servair etc… La compagnie de l’alliance SkyTeam expliquait hier qu’elle bénéficiera en 2015 « de l’impact des mesures prises dans le cadre de Transform 2015 et de la baisse du prix du carburant. Néanmoins, comme annoncé en décembre 2014, le groupe doit également faire face à la détérioration des recettes unitaires intervenue depuis l’été qui nécessite de mettre en œuvre des mesures complémentaires ». Dans ce cadre, la direction d’Air France a donc présenté au CCE plusieurs actions : « revue à la baisse de la croissance de la flotte et des capacités, nouvelles initiatives pour stimuler les recettes, renforcement des actions « achats », poursuite de la modération salariale et des efforts de productivité et d’adaptation des effectifs aux besoins ». Le groupe poursuit par ailleurs ses travaux dans le cadre du nouveau plan stratégique Perform 2020. Et précise que tous les éléments partagés au cours de cette séance du CCE concernent exclusivement Air France et ses filiales et non le groupe Air France-KLM, dont les objectifs restent inchangés. Mise à jour : communiqué de la CFE-CGC d’Air France "L’enjeu est la survie de notre compagnie et chacun doit y participer. Hors, une catégorie de personnels semble complétement oubliée dans cette annonce. Pourtant, sans les événements de septembre dernier, Air France aurait annoncé des résultats positifs. Le 13 février seront étudiées dans le détail, les mesures précises qui seront mises en place. La CFE-CGC d’Air France usera de tout son pouvoir pour ramener la direction générale vers une négociation équitable et transparente. Ce soir, c’est l’amertume qui domine. Air France a besoin de fraternité et de solidarité. Au lieu de quoi, on nous propose des solutions iniques qui ne vont que déclencher un séisme social si la clairvoyance ne revient pas rapidement à nos dirigeants."