La compagnie aérienne low cost Skymark Airlines s’est placée hier sous la protection de la loi sur les faillites, avec une dette de 605 millions de dollars. En attendant de dénicher un éventuel sauveteur ou repreneur, elle pourra donc échapper à ses créanciers – dont Airbus, qui a engagé des poursuites après avoir annulé sa commande de six A380. Le dépôt de bilan de la spécialiste japonaise du vol pas cher, annoncé le 28 janvier 2015, est accompagné par la démission de son fondateur et PDG Shinichi Nishikubo, le retrait de ses actions de la Bourse de Tokyo étant programmé pour le premier mars. Il a détaillé hier les raisons de cette décision : chute du yen et augmentation des coûts bien sûr, croissance de Japan Airlines (JAL) et All Nippon Airways (ANA), mais surtout l’arrivée de concurrentes low cost adossées à des groupes solides : AirAsia Japan et Jetstar Japan d’un côté, et Peach Aviation (ANA), Vanilla Air (ANA) de l’autre. Les quelques 2275 employés devraient tous conserver leur poste, a assuré le président Takashi Ide. La loi de « réhabilitation civile » permet à Skymark Airlines de continuer ses opérations tout en menant à bien sa restructuration, sous la direction désormais de son directeur financier Masakazu Arimori. La low cost indiquait il y a dix jours qu’elle visait une augmentation de capital via un fonds d’investissement non précisé, niant les rumeurs sur une arrivée d’ANA dans son capital. Le fonds Integral Corp. serait prêt à financer cette restructuration. Côté réseau, des discussions portant sur un partage de codes avec ANA ou JAL seraient toujours en cours – les 36 créneaux de vol de la low cost à l’aéroport de Tokyo-Haneda étant l’objet de convoitises. On rappellera que Skymark Airlines, qui ne propose que des liaisons entre 13 aéroports japonais, avait déjà dû se résoudre à fermer sa base à l’aéroport Narita. air-journal_Skymark_A380_take_off_maiden_flightEn ce qui concerne la flotte, Skymark Airlines abandonnera en février les vols en Airbus A330-300, tous pris en leasing (5 en service, 10 attendus). Raison invoquée: les faibles taux d’occupation (54,5% en décembre) des avions configurés pour accueillir 271 passagers en une unique classe Premium, les rangées de sièges Green Seat (22 pouces de large en 2+3+2) étant espacées de 38 pouces. Ses 28 Boeing 737-800 (177 places) deviendront le modèle unique opéré par la low cost, ce qui devrait améliorer la situation. Mais Airbus est surtout montré du doigt par Skymark Airlines en raison des indemnités réclamées suite à l’annulation en juillet dernier de sa commande de six A380 pour défaut de paiement, indemnités évaluées à 700 millions de dollars. Le premier de ces superjumbos avait effectué son vol inaugural en avril 2014, mais les livraisons avaient été reportées par la low cost avant l’annulation de la commande. L’A380 devait être configuré avec 114 places en classe Affaires sur le pont supérieur et 280 en Premium sur le pont inférieur, soit un total de 394 places qui battrait le record « d’espace » détenu par Korean Air (407), bien loin des 516 d’Air France ou des 526 de Lufthansa. Airbus a déclaré jeudi suivre les péripéties de Skymark Airlines, et que la suite se passera « devant les tribunaux ».