Deuxième actionnaire de la compagnie aérienne Aer Lingus, l’Etat irlandais se dit opposé à sa vente au groupe IAG formé par British Airways et Iberia, jugeant les conditions proposées insuffisantes - pour l’instant. Le premier actionnaire Ryanair reste lui aussi à convaincre. Alors que la direction de la compagnie nationale irlandaise a approuvé la dernière offre de rachat d’International Airlines Group, portée à 1,35 milliard d’euros, le ministre des Transports irlandais Paschal Donohoe a indiqué le 24 février 2015 que « les informations et engagements fournis à ce jour ne fournissent pas pour l'instant une base sur laquelle le gouvernement pourrait s'engager irrévocablement à accepter une offre ». Est visée en particulier la promesse d’IAG de conserver les créneaux de vol d’Aer Lingus à l’aéroport de Londres-Heathrow pendant cinq ans, une période pas assez longue selon le ministre qui évoque aussi la question de l’emploi. Son communiqué précise cependant que le gouvernement « reste ouvert » à de nouvelles propositions de la part d’IAG, qui « a pris note ». Le dirigeant sortant d’Aer Lingus Christoph Mueller (il va prendre la tête de Malaysia Airlines) s’est déclaré hier confiant dans la capacité des deux compagnie « à apaiser toutes les inquiétudes exprimées vis-à-vis de la valeur, des liaisons et de l'emploi ». Le patron de la low cost Ryanair, actionnaire à hauteur de 29,8% du capital d’Aer Lingus, est lui aussi intervenu dans le débat hier : Michael O’Leary estime que le seul moyen pour que la compagnie reste « contrôlée et dirigée depuis l’Irlande » est qu’elle soit « possédée à long terme par Ryanair ». Rappelant qu’il avait échoué à trois reprises à prendre le contrôle d’Aer Lingus, qu’il juge de toute façon trop petite pour survivre de façon indépendante et concurrence sa low cost, il a demandé au gouvernement « à qui il pensait en refusant l’offre d’IAG » ; il affirme en outre que les objections du ministre sont « un non-sens, toutes les décisions ayant été prises le jour où le gouvernement a vendu 75% du capital » de la compagnie nationale. Plus intéressant est l’idée « logique » selon Michael O’Leary que Ryanair puisse à terme « alimenter le long-courrier transatlantique d’Aer Lingus » ; il s’agit d’un « développement évident », expliquait-il hier dans le quotidien Irish Independent, et qui ne sera pas compliqué à mettre en place.