Dans un courrier adressé à Fréderic Gagey, PDG  d’Air France, l’ancien ministre de l’Agriculture Bruno Lemaire (UMP), a fustigé la « désinvolture totale d’Air France » lors d’un vol en Airbus A380 dont il était l’un des 400 passagers.

Dimanche dernier, un A380 reliant New York à Paris a été obligé de faire escale à Manchester. En effet, les pilotes du SuperJumbo parti avec six heures de retard des Etats-Unis en raison de la neige, ont choisi de se dérouter sur Manchester afin de respecter leur quota de 12 heures de vol, qu’ils risquaient de dépasser de 20 minutes, s’ils allaient jusqu’à la destination finale. Air France avait alors dépêché trois monocouloirs pour récupérer les passagers.

Dans une lettre ouverte au PDG d’Air France, Bruno Le Maire, qui était l’un des 400 passagers de ce vol AF007, a vivement critiqué la gestion par l’équipage, fustigeant Air France de « désinvolture totale », dont elle « a fait preuve de bout en bout de ce vol ». Sur ce vol record de « près de 24 heures pour relier New York à Paris », écrit-il, « nous avons ressenti de plus en plus vivement un abandon de votre compagnie ».

aj_air france a380« Nous pouvons accepter le décompte des horaires de vol. Nous voudrions juste faire observer que le vol lui-même a duré moins de six heures, autant que les heures au sol. Nous souhaiterions par conséquent que les compagnies aériennes demandent un assouplissement de cette règle pour ne pas répéter cette situation absurde où un A380 se pose sur un aéroport mal configuré, pour le recevoir, un dimanche, à quelques centaines de kilomètres sa destination finale, parce que le pilote pourrait dépasser de 20 minutes son horaire légal ? Qui nous fera croire que la sécurité était en jeu ? »

Il reproche à Air France le manque d’explications « sérieuses » au départ de New York « pendant les heures passées à attendre le dégivrage », ou des explications contradictoires pendant les quatre heures d’attente à l'aéroport de Manchester, « avant le débarquement des passagers », puis une nouvelle attente de 8 heures pour 400 passagers « dans une salle prévue pour 200 personnes », « sans personne pour nous renseigner ou porter assistance aux plus fragiles »… avant de donner un coup d’assommoir définitif. « Je regrette de vous le dire. face à cette accumulation de difficultés, Air France a été en-dessous de tout. Aucune initiative. Aucune écoute… ».  Il demande  doncà Air France de faire preuve d'un « sens des responsabilités et pourquoi pas d'un peu de chaleur humaine ».  Lire ici la lettre ouverte dans sa totalité, de Bruno Le maire sur le site L'Opinion.

Frédéric Gagey a écrit à tous les passagers de ce vol pour leur fournir des explications précises sur les raisons de cet important retard. Selon l’Opinion, les passagers devraient être dédommagés à hauteur de 600 euros.

air-journal_Air France KLM JuniacAlexandre de Juniac, PDG d’Air France-KLM, a aussi eu l’occasion de répondre de façon indirecte à Bruno Le Maire, lors d’une interview sur Europe 1. « Nous l’avons appelé, nous avons essayé de lui expliquer. On s’excuse auprès de tous les passagers. Je trouve qu’il est un peu sévère parce qu’on a essayé de faire notre possible dans des conditions difficiles ». « Ce sont des recommandations européennes de sécurité », a-t-il insisté en défendant la décision de son commandant de bord, de venir se poser à Manchester plutôt que de prolonger le vol sur Paris. « Imaginez un instant qu’il y ait eu un problème, alors qu’il avait dépassé les durées minimales de sécurité… »

Il explique enfin au micro d’Europe 1 une information jusque là méconnue, à savoir que l ‘A380, avait un problème de pressurisation de porte, ce qui explique qu’il ait fallu dépêcher trois monocouloirs pour acheminer les passagers vers leur destination finale, ajoutant encore un peu plus de retard au retard… « Il y avait un problème dans la fermeture de la porte et la pressurisation de l’avion. Il aurait fallu voler avec un avion non pressurisé, on a préféré envoyer trois avions ».