Le mouvement de grève des pilotes dans la compagnie aérienne low cost Norwegian Air Shuttle se durcit aujourd’hui, avec l’annulation de tous les vols intérieurs en Scandinavie ainsi que les liaisons entre les aéroports d’Oslo, Copenhague et Stockholm. Lancé samedi dernier par les pilotes suite à l’échec de négociations salariales, le mouvement social de la spécialiste norvégienne du vol pas cher atteint son apogée ce 4 mars 2015, les pilotes suédois et danois ayant rejoint leurs collègues de Norvège. Quelques 35 000 passagers devraient être affectés mercredi, prévenait hier Norwegian Air Shuttle qui craint un arrêt de travail de ses 650 pilotes, expliquant que « tout dialogue est impossible malgré les efforts de la direction de participer à des discussions constructives ». Elle a donc annulé tous les vols domestiques dans les trois pays, ainsi que ceux entre leurs capitales respectives. Les conséquences de la grève se feront aussi ressentir en dehors de la Scandinavie, avec par exemple l’annulation du vol DY3639 entre Paris-Orly et Copenhague ce soir ou de quatre rotations entre Helsinki et les trois capitales scandinaves, ou des retards par exemple entre Stockholm et Prague ou Budapest. Mais Norwegian affirme que ses opérations vers la Finlande, l’Allemagne ou le Royaume-Uni sont maintenues, et que les vols long-courriers vers les Etats-Unis ou la Thaïlande ne sont pas affectés. La première grève de l’histoire de Norwegian prend place alors qu’elle vient de dévoiler ses premières pertes financières en sept ans. Selon le dirigeant du Syndicat de pilotes norvégien Halvor Vatnar, cité par thelocal.no, il n’y a aucun espoir de trouver un terrain d’entente avec le PDG de Norwegian : Bjorn Kjos « veut se débarrasser de nous, il mène une campagne anti-syndicat ; il ne veut pas entendre parler de pilotes salariés de façon permanente, juste de pilotes avec des contrats obscènes ». Il accuse Norwegian de vouloir faire avaler aux navigants scandinaves un gel des salaires et une aggravation des conditions d’emploi (heures plus longues et aléatoires entre autres), au prétexte que cela serait la seule façon d’être « compétitifs au plan international ». Avec à la clé, la menace de supprimer 200 postes… Un porte-parole de la low cost a nié les accusations du syndicat, en particulier sur les emplois permanents, affirmant que Norwegian cherchait au contraire à « conserver ses pilotes scandinaves expérimentés et compétents ». Mais leurs conditions de travail et de salaires sont « intenables » en regard de la situation de Norwegian, qui est contrainte de s’adapter pour « survivre et maintenir une compagnie aérienne basée en Norvège ». Rappelons que Norwegian a enregistré une perte de 121 millions d’euros pour l’exercice 2014, alors qu’elle avait connu l’année précédente un bénéfice de 37 millions d’euros. Son chiffre d’affaires a pourtant progressé de +25,4% à 2,2 milliards d’euros, et elle a transporté 24 millions de passagers (+16%) ; son coefficient d’occupation a gagné 2,6 points à 80,8% sur des capacités en hausse de +35%, tirées par le long-courrier et à l’ouverture de bases à l’aéroport de Londres-Gatwick et en Espagne.