Le procès de 14 personnes impliquées dans un trafic de drogue en République Dominicaine, y compris deux pilotes français, a été suspendu hier pour la troisième fois, le procureur dénonçant la partialité du tribunal. Comme en septembre et décembre dernier, Pascal Jean Fauret et Bruno Odos ont appris le 9 mars 2015 que leur liberté conditionnelle allait encore se prolonger. La suspension sine die de leur procès a été décidée après la demande de récusation du procureur Milciades Guzman, la Cour d’Appel devant statuer sans que l’on sache dans quel délai. Les deux pilotes français, qui s’apprêtaient le 20 mars 2013 à effectuer un vol entre l’aéroport de Punta Cana et St. Tropez en Falcon 50, avion dans lequel 680 kilos de cocaïne avaient été découverts, ont passé quinze mois en détention provisoire ; ils sont en résidence surveillée depuis juin 2014, avec interdiction de quitter le territoire. L'assistant de vol Alain Castany, le passager Nicolas Pisapia et dix autres Dominicains doivent être jugés lors du même procès. Les deux pilotes nient toute participation au trafic de cocaïne, mis à jour lors d’une opération anti-drogue d’envergure, après plusieurs mois d’infiltration par la Direction Nationale de Contrôle des Drogues (DNCD) locale en collaboration avec la DEA. Quarante huit personnes au total avaient finalement été arrêtées, notamment des militaires affectés au corps spécialisé de sûreté aéroportuaire, des agents des douanes et des agents de la DNCD, et un autre Français aujourd’hui emprisonné dans l’hexagone. Rappelons que le syndicat SNPL avait appelé en mars 2014 à un boycott des vols vers la République Dominicaine, avant de le suspendre en avril à l’annonce de la tenue du procès (qui ne s’est toujours pas déroulé). Il avait justifié son soutien par les points suivants : il s'agissait d'un vol de transport public de passagers, soumis à la même réglementation que n'importe quel vol d'une compagnie régulière. Les deux pilotes effectuaient ce vol en tant que salariés de leur compagnie aérienne (SN-THS) qui les avait désignés pour le faire. La République Dominicaine, en tant que membre de l’OACI, est tenue de scanner l'ensemble des bagages (soute et cabine) de tous les passagers ; ces vérifications sont de la seule responsabilité des autorités locales. Les pilotes d'un vol de transport public sont uniquement tenus de vérifier la masse (poids total de la charge embarquée) et le centrage (répartition des passagers et bagages) de l'avion en s'assurant qu'ils permettent à l'avion de toujours rester dans son domaine de vol ; et en aucun cas les pilotes d’un vol de transport public n’ont de pouvoir de douane ou de police qui les autoriseraient à vérifier le contenu des bagages de leurs passagers.