Airbus propose depuis quelques jours aux compagnies aériennes une configuration standard passant de 525 à 544 passagers, le gain se faisant au niveau des classes premiums. Une décision qui devrait rendre le superjumbo plus rentable, mais ne calmera probablement pas le patron d’Emirates Airlines de plus en plus strident sur la nécessité d’une version remotorisée. Révélé le 19 mars 2015, le changement de configuration des superjumbos d’Airbus se fait de deux façons différentes selon les sources. Pour L’Usine Nouvelle, le gain de 19 sièges se fait au profit de la classe Affaires, désormais proposée sur le pont supérieur avec une installation en épis revue. La classe Economie est alors uniquement présente sur le pont inférieur. Selon le Wall Street Journal, le gain de sièges passe par la mise en avant d’un aménagement en quatre classes, avec la Premium de plus en plus populaire chez les compagnies aériennes. Les deux journaux ont en commun le but affiché par Airbus : améliorer la rentabilité des vols en A380, dont le prix catalogue en 2015 est de 428 millions de dollars, puisque plus de sièges se traduit automatiquement par un coût unitaire plus bas. Le quotidien français parle d’une anticipation par l’avionneur européen d’un profit commercial pour chaque vol « supérieur de 65% par rapport au Boeing 777 ». De l’autre côté d l’Atlantique, le WSJ par le « revenu augmenté de l’équivalent de 50% d’économie en carburant via l’adoption de cette configuration répondant à la demande du marché et des dernières innovations d’aménagement », sans préciser si cela inclut la possibilité de mettre onze sièges de front en Economie. L’avantage pour Airbus est évident : le changement de configuration n’implique pas dans l’immédiat les milliards d’euros nécessaires au développement d’un A380neo (dont la production ne deviendra rentable que cette année), et pourrait séduire de nouveaux clients comme promis par le PDG Fabrice Brégier en décembre dernier. Rappelons que le superjumbo a engrangé à ce jour 317 commandes, la majorité des 154 exemplaires livrés fin février à 13 compagnies aériennes étant configurés avec moins de 500 sièges. Et qu’Airbus initialement vantait son A380 pour une configuration de 555 places. Reste à savoir si cette annonce calmera le patron d’Emirates Airlines, premier client de l’A380 avec 59 appareils en service sur 140 commandés, et qui laisse entrevoir la possibilité de commander jusqu’à 200 A380neo. Lundi dernier, Tim Clark menaçait Airbus à mots à peine couverts de se tourner vers Boeing si le développement du superjumbo remotorisé n’était pas annoncé d’ici la mi-mars, alors que John Leahy avait déclaré un peu plus tôt qu’un tel projet est « impossible avec un seul client » - tout en laissant entendre que Turkish Airlines pourrait faire partie de la solution…